Bd et Modernité, l’exposition à ne pas manquer à l’HDA Var

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Marlène Pegliasco
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[Toulon] Cet automne, l’Hôtel Départemental des Arts nous présente une exposition amusante et décomplexée qui ravira petits et grands. En accueillant sur ses cimaises les grands noms de la bande-dessinée française, le public replonge avec malice dans les aventures de Spirou, Boule et Bill et Valérian. Mais surtout, en dressant un panorama de 50 ans de création dessinée, l’exposition montre comment la modernité s’est aussi invitée dans les planches de ce qui fut nommé en 1974 –année de création du Festival d’Angoulême– le 9ème art. Après l’exposition monographique dédiée à Enki Bilal en 2014 et celle sur Moebius en 2017, « BD et Modernité » regroupe le travail de 16 dessinateurs qui ont chacun donné leurs interprétations de la modernité.

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© Jacques de Loustal, «New-York Miami», éd. Humanoïdes Associés

La bande-dessinée, comme tout support de création artistique, a immortalisé les grandes questions sociétales qui secouent notre quotidien. De l’innovation technologique aux conflits politiques, la bande-dessinée respire l’air du temps, qu’il soit porteur d’espoir ou pessimiste. Questionner la modernité revient donc à s’interroger sur le fond et la forme des planches. La forme d’abord : Hergé est à l’initiative d’un style qui fit de nombreux adeptes, la ligne claire. « Une simplicité de dessin qui semble facile mais dont le réel est fascinant » note Bernard Plossu, une technique graphique inspirée de l’époque médiévale où chaque forme est délimitée par un trait d’encre noire d’épaisseur constante, isolant chaque couleur et fluidifiant la lecture de l’histoire. Les décors sont soignés, les architectures recherchées à l’instar des scènes de « Blake et Mortimer » de Jacobs ou dans les années 80, avec François Avril et les Soirs de Paris. C’est aussi dans les détails des aventures des personnages que prend forme la modernité : la vie quotidienne d’une famille dans les années 60 dans « Boule et Bill » de Jean Roba ou les intrigues du groom Spirou. Si la ligne graphique est plus audacieuse, elle redevient plus fluide et toute en rondeur dans les albums du plus empoté des personnages de bd, Gaston Lagaffe d’André Franquin. Dans les volumes « Rosy » de Jacques de Loustal, la mise en page rompt avec la disposition traditionnelle des vignettes. Réinterpréter le schéma classique est une action également visible chez Gauckler comme dans « Au revoir Paris » de Schuiten.

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© Enki Bilal, «Bug», éd. Casterman

Le fond ensuite : la modernité se traduit également dans les thèmes abordées dans la bande-dessinée. Les innovations technologiques, l’optimisme des années 60, les premières préoccupations écologiques ou l’ère numérique deviennent les préoccupations des personnages principaux. L’automobile, les juke-box et l’invasion de la culture américaine : Frank Margerin crée un univers singulier avec ses personnages fétiches. Les cases se teintent de couleurs, les signes expriment la vitesse et la structure des bande-dessinées changent. La question de l’environnement reste présente chez Mézières qui dessine dans les années 1970 un New-York submergé par les eaux. Enfin, Enki Bilal se penche sur notre dépendance au numérique qui a totalement envahi notre quotidien. La modernité, avec ses avantages et ses inconvénients, nourrit autant l’esthétisme que la narration des ces dessinateurs. Une exposition transgénérationnelle à voir sans détours avant le 15 décembre 2019.

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© François Schuiten, «Revoir Paris», éd. Casterman.

L’exposition clôt en beauté une programmation annuelle riche et variée. Depuis 1999, l’Hôtel Départemental des Arts peut s’énorgueillir d’avoir présenté des expositions internationales et d’avoir offert à ses visiteurs l’occasion unique de découvrir la création d’artistes immensément reconnues comme Georges Baselitz, Antoni Clavé, Bernar Venet et plus récemment, Joana Vasconcelos. L’ouverture aux médiums de la création artistique contemporaine était aussi une des ses volontés affirmées: peinture, photographie, sculpture moderne, street art, dessins…Entre monstrations, commandes publiques et soutient à la jeune génération d’artistes en exposant les diplômés de l‘Ecole Supérieure d’Art et de Design de la Métropole TPM, l’Hôtel Départemental des Arts était un acteur culturel majeur du territoire, intégrant toujours dans sa programmation des événements musicaux, des performances ainsi que des ateliers de sensibilisation à l’art afin d’attirer et d’attiser la curiosité d’un public toujours plus large et nombreux. En janvier 2020, cette bâtisse datant du début XXe siècle, ancien siège de la sous-préfecture devenu l’Hôtel de la Présidence du Conseil général du Var, va changer de destination. Tourné vers le design grâce au partenariat conclu entre le Centre Georges Pompidou et la Métropole TPM, l’Hôtel Départemental des Arts verra se dessiner un nouvel avenir. Je salue le travail exemplaire mené durant toutes ces années par une équipe passionnée et toujours souriante. En souhaitant à cette institution les meilleurs auspices dans ses futures programmations.

 

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© Frank Margerin «Lucien» éd. Humanoïdes Associés

« Bd et modernité »

Hôtel Départemental des Arts – Centre d’Art du Var

236 Boulevard Maréchal Leclerc

83000 Toulon

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.

Entrée libre

 

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