[Saint-Tropez] L'arrière-saison est un moment propice pour découvrir le littoral varois. Le climat doux et ensoleillé invite à la balade, la foule estivale en moins. Et c'est dans cette ambiance de vacances prolongées que nous irons visiter le village de Saint-Tropez avec son fameux port, ses ruelles médiévales, sa citadelle et son musée d'art moderne. En effet, le Musée de l'Annonciade peut s'énorgueillir de posséder une belle collection de peinture de l'art européen de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, avec des réprésentants majeurs des courants pointillistes, fauvistes et nabis. Une collection visible au premier étage de cet édfice, ancienne chapelle Notre-Dame de l’Annonciade, érigée en 1510 par la Confrérie des Pénitents Blancs tandis que le rez-de-chaussée accueille des expositions temporaires de qualité internationale, comme celle présentée actuellement autour de deux figures majeures de l'art du XXe siècle: le peintre Georges Braque (1882-1963) et le sculpteur Henri Laurens (1885-1954).
Georges Braque, Guitare et verre, 1921, Collection du Centre Pompidou, MNAM/CCI, Paris,Donation Lefèvre, 1952 © Adagp, Paris, 2017
À partir de 1911, Henri Laurens se lie avec Georges Braque et entretient avec lui une profonde amitié. Une sensibilité singulière anime leur processus créatif mais tout deux exprime, dès le début de leurs pratiques, ce besoin de modernité, de s'affranchir d'un académisme qui ne correspond plus à ce que l'époque donne à voir et à ressentir. Expérimenter le rythme, l'espace, renouveler la forme, utiliser différentes matières et jouer sur leurs propriétés, tout cela mêlé au désir d'aboutir à une plus grande pureté afin qu'en émane la simple essence artistique.
Henri Laurens, Tête de Femme, 1917, Hélène Bailly Gallery, Paris© Adagp, Paris, 2017
L'exposition montre un dialogue entre deux pratiques artistiques, autour de 67 oeuvres, tout en retraçant le parcours stylistique de ces deux artistes. Elle a été conçue de manière chronologique afin de rendre compte de l'effervescence des différents mouvements artistiques de ce XXe siècle en pleine regénéréscence. Les années 1915-1920 sont marquées par le cubisme. Braque initie son ami à ce courant fidèle à la leçon du peintre Paul Cézanne: "Tout dans la nature se modèle selon le cylindre, la sphère, le cône". C'est l'époque des papiers collés, des reproductions de grands aplats colorés ou mixité de volumes. Les années 1920 sont marquées par un détachement du cubisme vers un retour aux formes classiques. Braque s'inspire nettement de Jean Goujon, sculpteur français du XVIe siècle dans Les Canéphores. Quelques oeuvres de Laurens vont trouver des échos dans les formes figées des statues-colonnes de l'époque gothique avant de laisser la place à la volupté du corps féminin, dans des poses classiques tel que le Nu couché à la draperie.
Georges Braque, Canéphore, 1922, Collection du Centre Pompidou, MNAM/CCI, Paris, Legs Baronne Eva Gourgaud en 1965 © Adagp, Paris, 2017
Hnerie Laurens, Nu couché à la draperie, 1927-1967, Collection du Centre Pompidou, MNAM/, CCI, Paris, Donation de Claude Laurens, 1967 © Adagp, Paris, 2017
Lentement l’oeuvre de Laurens se modifie dans les années 1930, devant plus souple, plus rythmée et tendant vers les lignes anguleuses. Une tendance remarquée aussi chez Braque: les deux artistes se permettent une transcription libre de la réalité. Mais la Seconde Guerre Mondiale imposera un retranchement des deux amis , une oeuvre marquée par la solitude, la tristesse des évènements et l'accablement de la patrie.
Georges Braque, Grande nature morte brune, 1932, Collection du Centre Pompidou, MNAM/CCI, Paris, Don de Mme Georges Braque, 1965 © Adagp, Paris, 2017
Henri Laurens, Le drapeau, 1939-1967,Collection du Centre Pompidou, MNAM/CCI, Paris, donation Claude Laurens, 1967 © Adagp, Paris, 2017
Enfin, l'ultime salle est consacrée à la dernière période de leur vie où se dégage une certaine sérénité retrouvée dans leurs travaux respectifs. L'Archange de Laurens et la colombe de Braque symbolisent cette dernière période.
Georges Braque, Vase de fleurs à la nappe rose, 1961, Collection Madame Sylvie baltazart-Eon © Adagp, Paris, 2017
Henri Laurens, L’Archange, 1946, Bronze, Hélène Bailly Gallery, Paris © Adagp, Paris, 2017
Les oeuvres de Georges Braque et d' Henri Laurens traversent le XXe siècle. Outre les liens sensibles qui nourissent réciproquement la création de ces deux artistes, l'exposition offre une traversée dans l'art de cette époque troublée. L'art comme meilleure expression des faits humains.
Jusqu'au 08 octobre 2017Georges Braque et Henri Laurens. Quarante ans d'amitié
L’Annonciade. Musée de Saint-Tropez
Place Grammont
83990 Saint-Tropez
tél : 33 (0)4 94 17 84 10
ouvert tous les jours sauf le lundi, de 10h à 13h et de 14h à 18h