Délicatesse essentielle dans l’art de Gaëlle Villedary

Marlène Pegliasco
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[La Garde] La Galerie G a fait sa rentrée le 25 août dernier et a inauguré sa programmation artistique 2017-2018 par une exposition "aussi délicate qu'une pluie d'été". Conçue par la plasticienne Gaëlle Villedary, l'exposition "Arroser ses pensées" est une invitation au voyage sensoriel à travers une nature réelle et inventée, présente et suggérée.

20170916_095057"A fleur de flots"  au premier plan, suivi de "La mue" et de "Constellation" sur le mur.

D'emblée, on pénètre dans un univers délicat et sensible. Les oeuvres sont inspirées de la nature, qui diffuse son énergie. Cette inspiration -la nature et les relations de l'homme avec son environnement- est présente  depuis des années. En effet, j'ai découvert l'art de cette artiste originaire de La Cadière d'Azur en 2010, alors qu'elle exposait à la galerie Espace Castillon à Toulon sa série "Constellation de pierre". Cette série de 85 dessins sur carton, réalisée de 2010 à 2016, représente des formes minérales, végétales…Une nature connue ou imaginée, déposée finement sur papier. Disposée sur tout un pan de mur de la galerie, cette série se meut au gré des envies de l'artiste qui l'installe différemment suivant les accrochages.

20170916_095255Détail de la série "Constellation"

20170916_095215Détail de la série "Constellation"

Cette finesse d'exécution sert un discours autour de la nature et de la place de l'être humain au sein de cet univers enchanteur. Va-t-il le valoriser et le respecter? Ou bien l'abîmer et le détruire? Les 3 dessins de la "Série Noire" sont réalisés sur du papier noir et les formes sont à peine perceptibles, comme si cette couleur avait entièrement absorbé le dessin. Obscurité et mystère autour de cet amas brillant de cellules végétales, cette forme organique semble se noyer sous l'amas de couleur noire, une allusion au pétrole déversé sur nos côtes lors des marées noires de l'Amoco Cadix en 1978, de l'Ericka en 1999 et du Prestige en 2002. Et que penser devant l'installation "A fleur de flots" , face à la dureté de ses  formes légères, en train d'être submergées comme prisonnière de leurs socles? Les trois blocs représentent trois îles vouées à disparaître, victimes de l'ensablement volontaire pour que des constructions s'élèvent et de la pénétration latente des eaux dans les terres. Le béton qui recouvre la nature.

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Détail de "La mue"

Mais la nature se transforme, meurt et renaît. Une mue flottante, comme une dentelle délicate, occupe l'espace. "Les chimères d'automnes", 20 duos de photographies cousues et de végétaux cousus encadrés , racontent" le passage du temps entre manipulations génétiques et rencontres fantasmées."

20170916_095031Les Chimères d'Automne

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Pluie d'épines

La pratique artistique de Gaëlle Villedary explore différents matériaux. En atteste cette "Pluie d'épines", une installation composée de 13 lianes, réalisées en silicone et épines de ronces. Un rideau protecteur, défensif et à la fois agressif, rappelant que la nature n'est qu'une multitude d'organes en vibration. Enfin, l'artiste  utilise des tambours à broder pour  des encadrements de "peaux" naturelles et artificielles, comme autant de miroirs fixés au mur qui nous questionnent. Ces "Tambours de soi"  tout comme l'oeuvre "Les graines de bouleau" évoquent à la fois force et fragilité.

20170916_094249Tambours de soi

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Les graines de bouleau

Cette balade artistique se termine par une allusion à la terre qui  a vu grandir l'artiste."En plein midi ", installation composée d'étoiles de badiane en plâtre, renvoie à l'expression "voir les étoiles en plein midi", originaire de l'Afrique du Nord. Signifiant la prétention de voir des choses improbables en un lieu ou à un moment où on ne peut jamais les voir, l'oeuvre interroge: voyons-nous ce que nous devons voir? Savons-nous ou nous trompons-nous? Au sein de cet écueil, l'artiste arrose notre âme de pensées subtiles, avec cette sensibilité délicate, touchante et vibrante qui prend racine dans la nature, mère nourricière, jardin secret de délices sensoriels. De la nature vivante à la nature détruite, Gaëlle Villedary nous rappelle la nécessité de "composer avec le réel, non pas comme une fatalité mais comme un espace ouvert aux possibles pour rebondir".

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Jusqu'au 27 septembre 2017
"Arroser ses pensées"- Gaëlle Villedary
Galerie G
Complexe Gérard Philippe
Rue Charles Sandro
83130 La Garde
Ouvert les mardis, mercredis et vendredis de 10h à 12h et de 14h à 18h, et les samedis de 9h à 13h.
04 94 08 99 68

 

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