Festival de Photographie de Hyères : pour qui voterez-vous?

Marlène Pegliasco
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[Hyères] Créé il y a 19 ans, le Festival de Photographie de Hyères s'est tout de suite inscrit dans la même volonté que son aîné dans la Mode: mettre en avant des photographes peu connus mais possédant une écriture artistique originale. Durant l'automne dernier, 700 dossiers ont été reçu à la Villa Noailles. Parmi ceux-ci, 70 photographes ont été présélectionnés et voici les 10 candidats retenus par le jury, présidé par le photographe anglais Tim Walker. Wipplay et le Festival International de Mode et de Photographie de Hyères s'associent pour créer le  Prix du Public de la Photographie Hyères 2017 . Vous pouvez donc voter pour votre candidat préféré dans la catégorie photo sur place à la Villa Noailles, en remplissant les petits formulaires que vous trouverez au sous-sol, dans la salle voûtée (là où sont présentés les travaux des 10 sélectionnés) ou alors, voter pour vos images préférées, parmi une sélection de 3 photos par candidat,  sur le site internet de Wipplay.  Attention, vous n'avez que jusqu'au 1er mai 2017. Mais avant d'élire votre candidat coup-de-coeur, nous avons souhaité détailler leurs programmes travaux. Présentation de ces 10 talentueux photographes!

Daragh Soden : Young Dubliners

L'installation de texte et d'images de Daragh Soden

L'installation de texte et d'images de Daragh Soden

À travers cette série, le jeune irlandais célèbre "le caractère exceptionnel de la jeunesse d'une ville, celle où j'ai grandi, Dublin. Alors que l'Irlande traverse une période de difficultés économiques, les jeunes de la capitale irlandaise sont ici mis à l'honneur au travers de portraits les présentant dans ce moment de transition, entre adolescence et âge adulte." Le photographe les saisit das cette période pleine d'espoir et d'incertitude, où les choix et les chemins qu'ils vont prendre peuvent décider de leur vie. Les jeunes Dublinois sont pris dans leur quotidien familier. Le texte accompagne les clichés pour mieux les expliquer. "Le texte se rapporte à des réminiscences plus personnelles puisées dans ma propre expérience. La narration mêle mes souvenirs de jeune Dublinois au parcours d'un jeune homme d'aujourd'hui." Ce travail associant image et texte devient une "quête de vérité, l'exutoire d'une expression tout à fait honnête, que la vérité soit simple ou complexe."

 

Sofia Okkonen : Rose

La photographe finlandaise Sofia Okkonen devant son travail

La photographe finlandaise Sofia Okkonen devant son travail

La photographe finlandaise, qui vit à Helsinki, interroge les manières dont s'expriment la sexualité et le genre féminin.  "Je pratique la photographie de mode depuis 2010. Mon expérience dans ce domaine a influencé autant les thèmes que les méthodes de ma démarche artistique. D'un côté, l'étroitesse de l'idéal de beauté véhiculé par l'image de mode me dérange; d'un autre, la mode offre personnages, masques, fantasmes, tous éléments qui m'attirent…" Ces deux oppositions se retrouvent dans cette série. Rose, personnage féminin, pose devant l'objectif et invite le public à regarder tout en le repoussant. L'absence d'émotion est contradictoire avcec la présence physique. "Je tente de briser l'univers excessivement aseptisé qui caractérise souvent l'image photographique. Cette approche se manifeste par la mise en scène, les costumes, les peintures corporelles ainsi que la technique de tirage des photographies. La qualité picturale des images est obtenue grâce à un processus d'impression suivie de la numérisation des tirages, une forme de recylcage que j'ai mise au point". À travers les images et les poses du modèle, Rose prend les aspects des adjectifs qu'on attribue à la femme: mystérieuse, sexy, belle, timide…"Mes images me servent à étudier la manière dont ces idées se forment, ainsi que leur devenir au moment de la pose et de la prise de vue."

 

Nolwenn Brod : La Ritournelle

La photographe française Nolwenn Brod devant son travail

La photographe française Nolwenn Brod devant son travail

Depuis plusieurs années, la photographe française Nolwenn Brod travaille sur la relation que l'homme entretient avec son environnement. Sa pratique combine une démarche documentaire mais qu'elle essaye d'amener vers un travail plus plastique. Commencée en 2015, cette série parle d'une famille, un couple d'acteurs de théâtre parisien qui a déménagé dans le centre de la France. "J'ai décidé de les suivre durant plusieurs années pour étudier leurs gestes et leurs postures qu'ils empreintent au quotidien. Ce sont des images à la fois très mise en scène mais aussi prises sur l'instant. Aussi, J'ai une approche proche de la phénoménologie, une approche territoriale, liée à l'amour et à toutes les choses qui peuvent nous façonner au quotidien".  Son travail nous parle aussi de l'ambiguïté des sentiments au sein d'une famille, des paysages empruntés au quotdien. " Chaque image est comme un fragment et chaque fragment acquiert une fonctionnalité que j'essaye d'assembler comme un film expérimental." Enfin, Nolween souhaite développer son travail sur plusieurs années en incluant d'autres médiums, comme la vidéo, la tapisserie, la sculpture ou bien la collecte d'objets dans l'environnement proche du couple

 

Roos Quakernaat : A Proper Dish/ Dermasaver

Les photographies de Roos Quakernaat

Les photographies de Roos Quakernaat

La néerlandaise Roos est fascinée par les comportements sociétaux absurdes voire dysfonctionnels. "Dans mon travail, je prends plaisir à examiner la relation entre le caractère domestique des objets quotidiens, l'espace qu'ils occupent , les mouvements qu'ils induisent et leur lien en regard du rôle de la femme particulièrement. Mon travail tente de déceler les signes des traditions enracinées dans la culture et les exigences draconiennes de la beauté." La photographe est attirée par l'être féminin, sa présence, son aura, et se sent responsable de mettre en valeur leur force. Une forme d'autoportrait aussi, renvoyant à sa propre réflexion et à la propre intimité du photographe. "À travers la photographie, j'explore ma propre sexualité en faisant des portraits de jeunes femmes, l'occasion de mettre en lumière une sexualité autre que celle que dicte la société faite de restrictions et de subordination."

Themba Mbuyisa : Arested Development / Hello Africa

Les photographies de Themba Mbuyisa

Les photographies de Themba Mbuyisa

Le sud-africain Themba Mbuyisa pratique la photographie depuis quatre ans "mais je me suis toujours considéré comme photographe. Ma devise était simple: Fais avec ce que tu as! ".  La composition ordonnée représente des portraits de la famille de l'artiste, d'amis, de lui-même parfois…Les couleurs des vêtements et leurs modèles se détachent du fond paysager. "Les endroits choisis font écho aux créations que les silhouettes portent. Parfois, je les stylise et produis ce qui pourrait être appelé de la photographie de mode. La mode est un moyen d'expression de notre identité. La photographie m'a permis d'illustrer l'identité sud-africaine par le biais de l'histoire, des problèmes liés au genre, de la religion et de la culture."

Paul Rousteau : 21/18/18

Paul Rousteau et une partie de ses clichés

Paul Rousteau et une partie de ses clichés

Pour son travail créatif, le français Paul Rousteau  est parti d'une réflexion du peintre Matisse, qui louait la photographie de l'avoir libéré de ce que la peinture devait représenter et lui permettait de peindre autre chose que la réalité. C'est cet "autre chose" que le jeune photographe explore. Déjà, la couleur est prenante. "Les couleurs sont travaillées dès la prise de vue et ensuite à l'impression". Ensuite, Paul s'inspire de la  peinture et des peintres impressionnistes, fauvistes et symbolistes. Certains clichés dénotent même une inspiration Art Nouveau.  "Les peintres impressionistes puis cubistes ont su trouver des voies pour repésenter le monde en dehors des conventions imposées par la perspective, et rendre compte de la complexité et de la richesse que constitue l'expérience du voir. Mes recherches poursuivent le même objectif, avec mon médium: la photographie." Utilisant une palette solaire et vibrante, refusant l'utilisation de la couleur noire, le photographe assume "la dimension joyeuse de mon travail et son ambivalence, entre beau et kitsch, sacré et profane." Un travail singulier pour un artiste cherchant à "picturaliser" la photographie.

 

Nancy Newberry : Smoke Bombs and Border Crossings

Le travail photographique de Nancy Newberry

Le travail photographique de Nancy Newberry

L'américaine Nancy Newberry puise son inspiration dans son environnement immédiat. Réalisée au Texas, cette série "mêle portraits, doumentaires et créations oniriques, en impliquant les notions de nationalisme et de communauté. Je m'inspire aussi du genre "Western spaghetti" des années 60. Il suffit de dire que je suis Texane pour que démarre une conversation émaillée de clichés  que le cinéma a popularisées. C'est pour cela que je m'intéresse à l'archétype américain du Far West."  Les tenues sont étudiées et photographiées pour leur aspect identitaire et sociétal. Quant aux poses, elles semblent figées,"dans un drôle d'état d'alerte , à la frontière entre le Texas et le Mexique, une région caractérisée par des batailles historiques légendaires, des territoires contestés, un mélange de nationalités et un mur fameux. C'est cela, le vrai Far West."

Cordula Heins et Caroline Speisser : Ali

Les photographies du duo Cordula Heins et Caroline Speisser

Les photographies du duo Cordula Heins et Caroline Speisser

Le duo allemand travaille sur un sujet d'actualité poignant: la condition des réfugiés. "La série Ali place le spectateur devant l'absurdité des politiques d'asile et leurs conséquences:une forme d'empêchement, d'amoindrissement des personnes. Dans ces portraits tragicomiques, les protagonistes font figure de métaphores du système." La composition met en scène des réfugiés dans des poses irrationnelles, jouant sur les mêmes tonalités, offrant des émotions très neutres. "Dans un méli-mélo d'imitations, nous créons une construction irrationnelle insensée qui ne s'arroge pas la vérité, mais pourvoit plutôt à une réflexion rationnelle. En tant que duo, nous abordons la photographie comme instrument d'analyse. Les images ont un pouvoir: elles sont capables de provoquer, de faire voler les illusions en éclats. Elles ont la capacité d'interroger, de confondre, de subvertir." Un reportage humain.

Luis Alberto Rodriguez : Otramitad / Patina / 20

Les photographies de Luis Alberto Rodriguez

Les photographies de Luis Alberto Rodriguez

L'américain Luis Alberto Rodriguez travaille sur l'exploration de la forme humaine et de sa distorsion. "  Mon expérience passée de danseur irrigue fortement mes choix de photographe. Les corps sont invités à engager un dialogue avec les matériaux trouvés sur site, et à se laisser remodeler et réinvestir par leur environnement." Les lieux ne font référence à aucun endroit précis. De plus, le photographe joue sur les notions de haut et bas, ce qui créé une certaine confusion. "Le familier devient méconnaissable , entraînant souvent une réaction physique immédiate". Le photographe laisse son modèle se mouvoir jusqu'à ce qu'il ressente le corps s'adapter au lieu, capter son ambiance. Les sensations corporelles sont saisies au plus juste. "Cette série est une transmission textuelle et sensorielle de la déliquescence, en tant que force capable de décomposer un objet tout en générant davantage de croissance. Les corps se cachent en plein jour, témoins de l'intimité et de la solitude La série prend ainsi la valeur d'archives d'état émotionnel, de perte, d'abandon, de désir."

Lucie Khahoutian : Pomegranate / With all this darkness round me I feel less alone

Lucie Khahoutian

Lucie Khahoutian

Le travail photographique de Lucie Khahoutian

Le travail photographique de Lucie Khahoutian

L'arménienne Lucie Khahoutian combine travail photographique et collage. Un travail hétérogène nourri de deux cultures, interrogeant sur l'imagerie et la société arménienne. "J'ai utilisé énormément de symboliques arméniennes, tous les objets ont un sens. Ma série photographique s'inspire de la thématique de la Tour de Babel. Un dialogue de sourd, sans aucun sens, où tout est dit et rien n'est entendu. Je voulais prendre cette base pour illustrer la manière dont on évolue dans notre environnement, que ce soit familial ou national, comment exister au milieu des autres? Comment exister en tant que femme dans une société patriarcale?  Comment ne pas être l'ombre d'un groupe, d'un homme? Comment rester soi-même? Aussi, j' utilise beaucoup de magie, d'ésotérisme, le mysticisme et la religion. Et pour cette réalisation, je me suis mise en scène, c'était une première mais c'était aussi une manière de montrer à quel point cette thématique me touchait. C'était aussi pour travailler sur ma timidité et m'inclure entièrement dans ma création . Cette série a été réalisée avec mon conjoint, que la question la plus magique et la plus céleste qu'est le mariage. Mais comment une relation si sublime peut vite se désagréger par la folie? "

À vos votes !

Maintenant, il ne vous reste plus qu'à faire votre choix. Cela n'est pas évident tant l'univers et la réflexion de chaque photographe est singulière. Que ce soit la composition, le cadrage, les couleurs, la thématique…Chaque candidat fait preuve d'une recherche artistique et émotionnelle subtile, suscitant l'intérêt du spectateur. Personnellement, nos préférences se portent vers le travail de Paul Rousteau, Lucie Khahoutian et Sofia Okkonen. Et vous, quel sera votre vote?

Jusqu'au 1er mai 2017

En ligne : http://www.wipplay.com/fr_FR/group-album/175/Prix_du_Public____32eme_Festival_de_Mode_et_de_Photographie_a_Hyeres_

Sur place : ouvert de dimanche 30 avril de 10h à 20h et lundi 01 mai de 11h à 16h, salle voûtée de la Villa Noailles.

Villa Noailles
Montée de Noailles
83400 Hyères

 

 

 

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