Françoise Spiekermeier, Beauties-Une Exploration

françoise spiekermeier
Marlène Pegliasco
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[Toulon] « C’est dans l’expression de sa singularité qu’on exprime sa beauté. »

La confrontation de notre être avec l’art nous avait manqué. Quoi de plus fort, de plus intense, de plus vivant que de sortir d’une exposition avec la tête remplie de questions, de réflexions ou simplement grisé par l’émerveillement ? Pour fêter ces retrouvailles avec les musées, il serait donc inconvenant de « louper » l’exposition que présente jusqu’au 26 juin la Maison de la Photographie de Toulon. Les lieux présentent les photographies de la journaliste et sociologue Françoise Spiekermeier. Avec l’esthétisme comme fil rouge de son travail de photographe, cette ancienne reporter de guerre axe son travail depuis une dizaine d’années sur les rituels de beauté dans le monde et surtout au sein de peuples isolés.

françoise spiekermeier

Née à Toulon, Françoise Speikermeier a étudié l’anthropologie sociale à Paris-Sorbonne, une voie qui l’a amenée à effectuer de nombreux voyages. Puis à 33 ans, elle décide de devenir reporter de guerre. Un métier prenant, difficile, dans lequel le corps et l’esprit restent marqués. Après  avoir vaincu un cancer, elle oriente son métier vers l’exploration de la beauté. Le lien avec le reportage de guerre était évident pour elle. En Tchétchénie, sous les décombres, à côté des cadavres, Françoise avait vu des femmes  se maquiller et se faire belle. Cette découverte de la beauté en temps de guerre agit comme un souffle vital, ignorant la souffrance et  permettant de comprendre comment la vie continue, comment les êtres humains trouvent des ressources pour survivre. « Il s’agit de dépeindre sous les décombres, la vie qui se poursuit et qui est plus forte que tout ».

Mais la beauté est une donnée universelle, elle n’a de sens que si elle est partagée, vécue au sein d’un groupe. L’esthétique est mise en commun. Futile la beauté ? Pourtant, sa recherche est un invariant universel.  « Quand on se fait beau, on opère une transfiguration, on essaye de se rapprocher d’une forme de perfection.  Il y a une dimension sacrée dans le soin du corps, dans le soin de le parer, de s’embellir. Une dimension à la fois sacrée et spirituelle dans la beauté ».

françoise spiekermeier

D’Ethiopie en Inde, du Soudan en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Françoise Spiekermeier partage le quotidien d’hommes et de femmes aux traditions vivaces témoignant que la beauté est partout, dans les gestes les plus simples. Couleurs chatoyantes des tissus indiens ou blancheurs éclatantes des coquillages africains, chaque peuple s’approprie les matières qui s’offrent à eux pour les transformer en habits, parures ou coiffures. Ces conceptions diverses de la beauté questionnement immédiatement la nôtre, empilée sous les couches d’une société de consommation sans âme. Les portraits nous font face, nous regardent, communiquent avec notre âme, ne sont qu’un miroir d’une réalité belle et fragile que l’être humain avide détruit.

 La réponse consumériste de cette beauté est une opposition entre incarnation et désincarnation. Ici, dans ces images, on recèle quelque chose de plus subtil, de plus simple, tellement qu’elle en devient diffuse. La dimension magique existe dans une démarche où l’on cherche à séduire et à plaire. Et la symbolique garde une place très importante. « Je cherche à montrer la simplicité de personnes qui incarnent des codes esthétiques. La beauté se dégage de l’intériorité humaine. Les parures et les couleurs ne sont que surface. En dessous il y a l’expression de l’émotion. Je montre l’humanité à travers cette émotion».

françoise spiekermeier

Ces visages deviennent des miroirs de notre âme, communiquent avec nous. Dans ce reflet, on s’interroge : ce n’est pas une question d’argent, de consommation ; c’est une question d’être soi-même. En dépassant ses carcans imposés, la beauté se révèle dans les différences, dans  la diversité, dans la singularité de chacun.

Après avoir visité 90 pays, Françoise Spiekermeier désire se rapprocher des peuples d’Europe et ceux installés sur le pourtour méditerranéen. Avec toujours l’esthétisme comme fil rouge, l’émerveillement a n’en plus finir.

françoise spiekermeier

Jusqu’au  juillet 19 septembre 2021

Françoise Spiekermeier, « Beauties, Une Exploration »

Maison de la Photographie

Rue Nicolas Laugier, Place du Globle

83 000 Toulon

Ouvert du mardi au samedi de 12h à 18h- Entrée libre

Un ouvrage retraçant ce travail, « Beauties. La beauté sauvera le monde », a été publié aux Editions de la Martinière

La photographe Françoise Spikermeier sera présente le mercredi 9 juin de 17h à 18h ainsi que le vendredi 11 juin de 15h à 18h pour dédicacer ce livre.

Pour la Nuit des Musées le samedi 3 juillet, une visite commentée sera proposée en compagnie de la photographe et d’une médiatrice. Inscription à culture@mairie-toulon.fr

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