Images de Syrie: Regards de Michel Eisenlohr à la Maison de la Photographie de Toulon

Michel Eisenlohr
Marlène Pegliasco
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[Toulon]C’est un voyage qu’on effectue sous le soleil écrasant de l’Orient, dans une quiétude si lointaine du prisme médiatique auquel nous sommes confrontés quotidiennement. Quelques locaux nous accompagnent à travers ces monuments séculaires, témoignages de la grandeur des hommes, d’une civilisation florissante aujourd’hui menacée par d’interminables conflits. Jusqu’au 24 novembre, la Maison de la Photographie de Toulon invite le spectateur à traverser la Syrie, sur les pas du photographe Michel Eisenlohr, tel qu’il l’a découverte en 2002. L’exposition « Images de Syrie » retrace le parcours d’un œil empli d’une pure beauté, rendant hommage à un pays dont le patrimoine classé a été partiellement ou totalement détruit.  Des photographies comme un témoignage émouvant d’une mythique Syrie, digne de ne pas être oubliée.

Michel Eisenlohr
©Michel Eisenlohr

Invité en 2002 au Festival de Photographie d’Alep, Michel Eisenlohr décide de se rendre en Syrie en voiture depuis Marseille. Pour sa première –et unique- visite dans ce pays du Moyen-Orient, dont les cités antiques de Palmyre, Alep et Damas sont classées au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, Michel Eisenlohr marche sur les pas des photographes de la deuxième moitié du XIXe siècle comme Maxime Ducamp et élabore un carnet de voyage où la seule écriture sera visuelle. Muni de son appareil argentique, les images saisies en noir et blanc captent l’intensité d’un territoire singulier. “Ce sont des étapes de transition, des cheminements, des choix d’itinérance qui m’amènent progressivement, au sujet. Les lectures et les repérages cartographiques nourrissent ma démarche personnel et mon côté sensible” explique le photographe.  Nourri de récits de voyage, Michel Eiseinlohr choisit d’exprimer ses émotions à travers son objectif plutôt qu’avec un autre médium.

Michel Eisenlohr
©Michel Eisenlohr

Ces images ne correspondent à aucune commande, de plus, le photographe n’avait pas d’objectif particulier à leurs intentions. Ainsi, ces photographies resteront des années dans les cartons avant qu’une rencontre avec le Centre des Monuments Nationaux permette de monter une exposition sur le site romain de Glanum à Saint-Rémy-de-Provence en 2017 avec pour thème, les sites antiques détruits. : “Les sites photographiés en 2002 sont aujourd’hui méconnaissables. Ce reportage très personnel s’est transformé en travail de mémoire afin de témoigner à jamais d’une splendeur perdue”. Palmyre, Alep, Damas: ces cités millénaires vivaient d’un riche commerce artisanal. La grandeur des ruines romaines et l’art de vivre multiculturel faisaient de ce pays, un modèle. Au fil des images, nous retrouvons la splendeur de ces antiques cités mais aussi la vie syrienne, un quotidien à jamais ébranlé. La beauté du paysage d’antan est devenue en 2018 un champ de ruine, en proie aux fanatiques et autres dictateurs menant une guerre sans fin. Rues paisibles, splendeur des marbres antiques, mosaïques arabes étincelantes, scènes traditionnelles, lumière crue. Quelques soient les prises de vue –frontales ou en plongées-, leur composition en profondeur, le temps semble suspendu. Une sensation renforcée par la texture produite par l’utilisation du noir et blanc et de l’argentique. Ce que confirme Michel Eisenlohr: “Avec l’argentique, il y a un côté alchimique, on y décèle une matière qu’on ne perçoit pas avec le numérique. Il y a quelque chose de différent dans la restitution des images. Mais aussi, l’argentique oblige le photographe à s’exposer, prendre son temps plutôt qu’engendrer les prises de vue. On essaye de capter ce qui semble pertinent, on attend le bon moment, l’instant propice”.

Michel Eisenlohr
©Michel Eisenlohr

Son processus photographique imprègne inévitablement ce travail. Capter l’esprit des lieux, savourer une atmosphère, se laisser envahir par la pure esthétique des paysages, se recueillir devant ces vestiges et aller à la rencontre des habitants: ce voyage terrestre se transforme en voyage initiatique, en une quête amoureuse silencieuse. Point de nostalgie. Le spectateur prendra aussi son temps pour ressentir ce sentiment allègre de découverte et ne garder en mémoire que la noblesse humaine.

Michel Eisenlohr
©Michel Eisenlohr

Jusqu’au 24 novembre 2018

Images de Syrie – Photographies de  Michel Eisenlohr

Maison de la Photographie

Place du Globe

83 000 Toulon

Ouvert du mardi au samedi de 12h à 18h.

Entrée libre

Un livre paru chez Actes Sud compile les images du photographes et des textes d’auteur : plus d’infos ici.

Plus d’infos sur Michel Eisenlohr ici

 

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