[Paris] C’est déjà la deuxième exposition personnelle de l’artiste brésilienne Janaina Mello Landini à la Galerie Virginie Louvet et on se félicite d’y retrouver ses créations arachnéennes et poétiques . Succédant aux Impregnações (Imprégnations), les Aglomerações (Agglomérations) constituent un nouvel ensemble de travaux issu de la série nommée Ciclotramas débutée en 2010, toujours en cours d’évolution.
Née en 1974 à São Gotardo au Brésil, Janaina vit et travaille dans son pays natal. Une vie au contact de la nature qui imprègne sa création. Chaque composition se joue des formes et des connexions, une reconfiguration du temps dans l’espace qu’elle investit pleinement. Son processus créatif se poursuit toujours : elle utilise des cordes de différentes matières –coton, nylon et parfois même en pneu d’avion- qu’elle détisse méticuleusement pour arriver au fil le plus fin pour le nouer ensuite à la toile. Alors qu’avec les Impregnações l’artiste créait des interconnexions spatiales et que les ramifications se développaient selon un schéma logique et délicatement apparent, avec les Aglomerações, ces mêmes branches se mettent maintenant à grimper les unes sur les autres, pour générer finalement un travail flirtant avec la notion de rhizome. Tissées sur la toile de lin, les formes symbolisent le monde végétal et organique. Évocation des branches d’un arbre ou des veines d’un corps, le matériau envahit en profondeur la toile, structure un espace qui reflète nos sentiments. L’œuvre devient ainsi un ensemble d’éléments matériels et tactiles, charnels, naturels et sensitifs.
Le public avait été conquis par ses Impregnações : en 2016, au Palais de Tokyo pour l’exposition « Double-jeu », au printemps au Centquatre-Paris pour la présentation de la collection BIC et cet été en découvrant la superbe œuvre installée à la Fondation Carmignac à Porquerolles. Cette pièce, qui parcourt l’escalier guidant dans les entrailles de la Fondation, évoque le vent, très présent sur cette île. Le bleu des cordes, nuancé à chaque brin détissé, évoque les reflets de la Méditerrannée alentours. L’artiste tisse un lien avec le paysage habité, le regard qu’on porte sur cette nature foisonnante, et le public devient pris au piège, emporté dans un souffle contemplatif.
Dans ce nouveau travail, l’artiste pose l’introspection au cœur de sa réflexion. Sa création se recentre sur des éléments à double-sens. La corde se métamorphose en vibrations. Elle emprisonne, elle libère. Elle symbolise tout ce qui nous guide et nous soutient.Sur cette toile de bateau, la corde dessine une carte maritime ; sur cette toile de lin, les brins de nylon cuivré interpellent notre être. La poésie de ces tableaux vivants s’exprime par cette analogie avec les racines terriennes. Une trame continuelle qui traverse chaque cycle existentiel. » Ciclotrama », un mot que l’artiste a inventé afin de s’approcher le plus justement de ses pensées. D’installations in situ monumentales aux formats intimes d’une toile, Janaina Mello Landini nous « tisse » sa vision du monde, délicate, palpable et tangible.
Jusqu’au 14 novembre 2018
Janaina Mello Landini – Aglomeração
Galerie Virgnie Louvet
48 rue Chapon
75 003 Paris
Plus d’infos sur la galerie ici