[Hyères] Une exposition gaie, rythmée et chatoyante vous attend pendant encore une semaine à la Villa Noailles. Avec comme thématique centrale l’architecture des discothèques, la double exposition « La Boîte de Nuit » et « Dancing La Batterie » vous invite à découvrir les choix architecturaux pris dans la conception des night-clubs. Nous avions écrit un article lors du vernissage le 18 février dernier. Il est temps maintenant de vous emmener découvrir l’exposition. Let’s go!
La Batterie
Dancing La Batterie
Deuxième volet de la série d’expositions dédiées aux constructions remarquables dans le Var, la Batterie est une discothèque construite en 1933 sur la commune varoise de Roquebrune-sur-Argens. Cet établissement servait d’équipement à l’hôtel La Résidence, construit un an plus tôt. Minimalisme et fonctionnalisme caractérisent l’architecture de cet ensemble de l’architecte Pierre Barbe (1900-2004). La forme de la discothèque est imposée par les lignes naturelles du site. Une architecture ovale faite de béton armé mais dont l’espace extérieur doit répondre au standing des clients de l’hôtel. Classé Architecture Remarquable, cet édifice varois se redécouvre aux yeux des visiteurs de l’exposition. Située au rez-de-chaussée, son intérêt repose sur les documents d’archives mis à disposition comme les plans d’architecture , les photographies d’époque et les cartes postales. Enfin, la commande photographique de Vincent Flouret magnifie le bâtiment, aujourd’hui dénaturé et transformé en école de voile.
Dancing “La Batterie”, quartier du Val d’Esquières, Roquebrune-sur-Argens (Var) (avec René Darde, arch.).
Élévations de façades (côtés route et mer) et coupe longitudinale (éch. 1/50e), n.d.
Courtesy : Fonds Barbe. SIAF/Cité de l’architecture et du patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle
Le plan dévoile des lignes ovoides de l’édifice. La casquette supérieure, légèrement surélevée, augmente l’espace de vision. De plus, ce détail permet de corriger ce que l’oeil humain détecterait comme un défaut et donne ainsi l’illusion d’une horizontale sur la façade.
La Batterie, Pierre Barbe, 1933, Michel Pitalugue (réhabilitation). Photographie de Vincent Flouret, commande de la villa Noailles, janvier 2017.
Les colonnes bleues du rez-de-chaussée se mélangent aux murs blancs de l’édifice tout en courbe.
Vue aérienne du Val d’Esquières (Var) – France. Dancing La Batterie (au bord de l’eau au centre de l’image) CIM, circa 1935
La Côte d’Azur Varoise. Le Val d’Esquières – Les Issambres (Var) – France. La plage et l’hôtel de la Résidence du Val d’Esquières. Dancing La Batterie (au bord de l’eau en haut à droite de l’image) éditions Rella, Nice, 1965
La Boîte de Nuit
Situé au premier étage, cette exposition foisonnante présente des photographies, des projets, des concepts liés aux discothèques, des années 1960 à nos jours. Etudier ces lieux voués à la danse, l’amusement, la fête et les excès est intéressante car en dehors de leurs simples lieux de divertissement, la boîte de nuit devient un terrain d’expérimentation pour l’accueil du public et l’évolution des technologies. L’architecture se vit et se ressent aussi par la musique qui s’en dégage et les jeux de lumière qui en ressortent.
Découvrez les photographies de ces lieux mythiques qui ont marqué le monde de la nuit entre les années 1960 et 1980. Fermez les yeux et laissez-vous emporter dans la création The Club, un système de meubles-enceintes conçu par Bureau A, à disposer pour construire un espace de danse. Les sons et les lumières définissent l’espace architecturale dans « Du mur au stoboscope ». The Cornell Box interroge sur les couleurs et le mobilier contribuant à donner une ambiance festive. Capter les lumières, propager les musiques, inviter le public à danser…Autant de rôles que relèvent l’architecture des discothèques tout en gardant des concepts avant-gardistes, innovants et surprenants.
Vue d’ensemble des photographies des discothèques
François Prost, After party, 2011-2017
Cette série du photographe français François Prost présente une succession de façades de discothèques françaises et belges. Plus de 80 clichés présentés frontalement qui nous montrent des similitudes dans l’agencement extérieur de ces discothèques du XXI ème siècle: l’environnement isolé, une construction morne que vient relever les noms exotiques des établissements, histoire de rêver le temps d’une soirée. Car la vulgaire boîte devient à un univers fantastique, féérique où tout est possible. Pour une nuit, nous serons à la Fiesta, au Macumba ou bien à l’Acropole…
Piper Pluriclub, Turin, 1966. Architectes : Giorgio Ceretti, Pietro Derossi, Riccardo Rosso. Photographie d’époque. Courtesy Pietro Derossi
Reflections, New York. Photographie de Bill Bernstein, 1979? Courtesy Bill Bernstein
L’Altro Mondo, Rimini, 1967. Architectes : Giorgio Ceretti, Pietro Derossi, Riccardo Rosso. Photographie d’époque, courtesy Pietro Derossi
Flashback, Cuneo, Italie, 1979. Architectes : Studio 65, Gianni Arnaudo Courtesy Gianni Arnaudo
L’Hacienda, Manchester, 1982. Architecte : Ben Kelly. Image en 3D. Courtesy Ben Kelly
La Coquille, Bouzedjar, Algérie, 1998. Architecte : Daniel Grataloup. Maquette originale. Courtesy République et Canton de Genève /Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie / Office du patrimoine et des sites
Boîtes à créer, boîtes à rêver, boîtes à danser…
Les deux expositions présentées affichent des similitudes tout en pointant des différences notables. Le parquet et la façade ouverte sur la mer de La Batterie a cédé la place à des espaces compacts, sans lumière naturelle, comme si l’obscurité participait au décor architectural. Ces discothèques survivront-elles ou changeront-elles de destination comme La Batterie? Peut-on encore parler d’architecture lorsque Pol Estève relève que « l’architecture de portes, de fenêtres et d’escaliers disparaît derrière celle de la nuit créée par les sens, la musique, la lumière et les psychotropes »? Projets éphémères, modulables ou provocateurs, le monde de la nuit continue d’enflammer les esprits créatifs et ingénieux, au gré des innovations technologiques et des idéologies sociales. L’étude réalisée par Carlottà Darò, Night-clubs et discothèques: visions d’architecture, explore » la manière dont, pour la néo-avant-garde de cette période, ces lieux de divertissement musical deviennent des laboratoires d’expérimentation stylistique, fonctionnelle, ainsi que des modèles et des inspirations d’ordre social « . Une chose est certaine, après avoir vu cette exposition, votre regard sur les discothèques, dancing et autres pistes de danse improvisées, ne sera plus le même.
Expositions jusqu’au 19 mars 2017
Villa Noailles
Montée de Noailles
83400 Hyères
Ouvert tous les jours de 13h à 18h sauf lundi, mardi et jours fériés.
Ouvert le vendredi de 15h à 20h.