Momies, l’exposition-évènement de l’été à Draguignan

momies
Marlène Pegliasco
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Symboles de rites antiques et de civilisations passées, les momies ont de tous temps fasciné le grand – jeune et moins jeune- public tout autant que les archéologues et le monde scientifique,  impressionnés par les connaissances cultuelles ou les techniques de préservation du corps ; la momification ou la source d’une vie éternelle, renouvelée dans un au-delà impérissable. C’est pourquoi l’exposition « Momies. Les chemins de l’éternité » que propose d’Hôtel Départemental des Expositions du Var de Draguignan est déjà annoncée comme l’exposition-phare de cet été. Sous le commissariat du docteur Philippe Charlier, directeur de la recherche et de l’enseignement du Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris, l’exposition présente des momies des cinq continents, de l’époque égyptienne jusqu’à l’époque contemporaine, en revenant sur leurs  pratiques cultuelles  et en apportant des connaissances nouvelles sur les techniques d’embaumement, augmentées de reliques assez étranges et en ouvrant sur l’appropriation des mystères que peuvent susciter les momies par la culture populaire-et notamment le cinéma. Direction Draguignan pour percer les mystères des momies !

Momie de crocodile Matières organiques, bandelettes de lin; Egypte. Basse époque (672-332 av J.C.) Paris, Musée du Louvre. © Musée du Louvre Dist. RMN-Grand Palais / Christian Décamps

À une heure de route des points territoriaux stratégiques du Var –le littoral méditerranéen et le Verdon-, l’HDE Var, qui souffle sa première bougie, semble gagner son pari sur l’avenir. Dans l’ancien bâtiment des Archives Départementales, ce nouveau lieu d’exposition de 650 m2 a su trouver son public. «Momies. Les chemins de l’éternité » se place après deux expositions majeures – « Ulysse. Voyage dans une Méditerranée de légendes » et « La Table. Un art français » qui ont attiré un public de connaisseurs et de curieux et qui ont scellé de précieux partenariats avec les plus grandes institutions muséales autant nationales qu’internationales. Ainsi, grâce au soutien du Conseil Départemental du Var, « cré-acteur culturel majeur », la nouvelle exposition estivale de l’HDE Var présente environ 300 objets dont six momies humaines complètes et neuf momies animales complètes. Cette exposition ne pourrait se tenir sans les prêts prestigieux du Musée du Quai Branly, du Musée du Louvre, de la Bibilothèque Nationale de France, du Musée des Confluences, du Silkebordg Museum  et des prêteurs privés.

L’originalité de cette exposition réside dans l’importante place donnée aux différents usages des momies du monde entier mais également aux techniques d’analyse contemporaines de ces momies. Au fil de l’exposition, le visiteur découvrira leurs usages –d’accès à l’éternité à une utilisation en pigments de peinture ou comme médicaments, et apprendre les nouvelles formes d’études qui permettent l’analyse de momies dans avoir besoin de découper les bandelettes. D’ailleurs, une animation 3D, spécialement conçue pour l’évènement, permettra de visualiser l’intérieur d’une momie et tous ses organes. Un voyage…assez troublant !

Pied gauche de l’homme de Tollund L.19 ; H.11 ; l.8 cm IVè-III è s. Av J.C. Restes humains momifiés (tourbière) Silkeborg Museum © Ole Nielsen / Silkeborg Museum

Certaines reconstitutions, comme le Tombeau Fali du Cameroun, permettra au visiteur de mieux appréhender les rituels funéraires.  La reconstitution faciale d’un crâne et d’un écorché du visage d’une momie du Fardo redonne une existence à cette petite fille qui devait être âgée entre 7 et 8 ans. Un instant rare et assez émouvant !

Osiris inv. D979-3-1701 Musée des Confluences (Lyon, France) © Olivier Garcin

Autopsie de l’exposition

La première section traite de la momification en Égypte. Seront exposés une série de papyrus  avec des passages du Livre des Morts, des momies humaines et animales, des objets rituelliques comme les amulettes, un sarcophage complet et ses vases canopes. Après la mort, on enlevait du corps plusieurs organes que l’on plaçait dans des vases avec des têtes représentant les quatre fils d’Horus, Amset, Hâpy, Douamoutef et Qebehsennouef, qui veillaient respectivement sur le foie, les poumons, l’estomac et les intestins.

Vases canopes Vue de groupe Paris, Musée du Louvre © Musée du Louvre Dist. RMN-Grand Palais / Georges Poncet

Une deuxième section traite de l’usage des momies et leur utilisation parfois saugrenue comme matière picturale, pots pharmaceutiques ou combustible pour les trains aux XIXème et XXème siècles. Une troisième section nous emmène découvrir les momies d’ailleurs comme les momies vaudous du Bénin et de Haïti, les têtes réduites Jivaro du Brésil, une poupée du Népal ou les momies de Papouasie Nouvelle-Guinée. La quatrième section explore les momies européennes, quelles soient anciennes comme la momie de l’Homme de Tollund, une des momies les mieux conservées au monde, trésor national danois, datant de l’Âge du Fer et dont le pied sera visible, ou plus modernes comme les momies des Catacombes des Capucins de Palerme. Seront exposés des reliquaires de Louis XIV et celui du cœur de Richard Cœur de Lion, des traités d’embaumement européens du XVIIIème siècle et enfin, des photographies grand format de Niko Aliagas des gisants de Louis XII et d’Anne de Bretagne.

Momies des Catacombes des Capucins de Palerme Vue des catacombes des Capucins à Palerme en Sicile, qui abritent des corps ayant fait l’objet d’une momification. Il s’agit du mur des prêtres portant leurs vêtements sacerdotaux. Date de prise de vue initiale : 1880-1920 Collection photographiée : Edgar Bérillon Paris, Musée du quai Branly – Jacques Chirac © Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / image musée du quai Branly – Jacques Chirac

La cinquième section permettra au visiteur de visualiser en 3D une momie virtuelle et ses offrandes et d’approfondir ses connaissances avec l’étude scientifique autour de la momie du Fardo évoquée plus haut. À noter que le corps était présenté à l’envers, la tête vers le bas. Enfin, la dernière section montre l’appropriation par la culture populaire du mythe de la momie. Livres, BD et bien entendu affiches de films et extraits cinématographiques viendront clôturer cette fascinante exposition.

Affiche du film « La Momie » (titre original : « The Mummy ») avec Boris Karloff et Zita Johann, 1932 akg-images © Universal Pictures

Exploration avec Ricardo Vasquez, directeur des Affaires Culturelles du Conseil Départemental du Var

Ricardo Vasquez, pourquoi une telle exposition est présentée cet été à l’HDE VAR ?

Le souhait du président du Conseil Départemental Marc Giraud est de faire de l’HDE Var un lieu central du territoire qui puisse accueillir des expositions d’envergure nationales et internationales. Évidemment, le sujet des momies permet une telle approche et en même temps d’attirer un public important pour valoriser l’ensemble du territoire et mettre en avant la qualité des expositions présentées in situ. Ainsi, l’exposition sur les momies est une entrée parfaite. La thématique de l’histoire et des civilisations est notre fil rouge pour toutes les expositions présentées et à venir.

L’HDE Var fête son premier anniversaire. Cette institution a-t-elle trouvé son public ?

Le public est différent que celui qui fréquentait l’Hôtel Départemental des Arts à Toulon car nous y proposions des expositions d’art contemporain. L’HDE Var présente des expositions patrimoniales, qui ne sont en rien comparables en terme de budget et de montage. Ce qui est certain, c’est que le public, qui est plus familial et plus passionné par le patrimoine, a suivi puisque les fréquentation de l’HDE Var sont excellentes. Le succès de lHDE Var est confirmé.

Combien de temps sont nécessaires pour préparer une exposition d’une telle envergure ?

Trois années au moins sont nécessaires. Il y a des dispositifs particuliers à mettre en place et nous avons adapté les vitrines pour accueillir les momies dans les conditions spécifiques propres à chacune. En effet, chaque momie doit être conservée à une température et une hygrométrie précise et il a fallu aménager des vitrines spécifiques afin que chacune soit confortablement installée ! C’est l’occasion d’insister sur le fait que l’ensemble de ces restes humains sont montrés dans les conditions les plus strictes du respect de la dignité humaine. Enfin, le bâtiment lui-même est équipé pour recevoir les prêts les plus exigeants comme les papyrus ou des reliques.

Fardo (paquet funéraire) Enveloppe de tissus enroulés sur plusieurs épaisseurs contenant les restes d’un personnage momifié naturellement, et accompagné de ses attributs (bourses, instruments de musique, etc.). Pérou, vers 1100 – 1450 ap. J.-C. Paris, Musée du quai Branly – Jacques Chirac © Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / Patrick Gries / Bruno Descoings

Quel a été l’impact au niveau national et international des deux précédentes expositions ?

Les deux premières expositions – « Ulysse. Voyage dans une Méditerranée de légendes » et « La Table. Un art français » – se sont très bien passées avec nos institutions partenaires. Elles nous ont permis de créer des relations sereines avec les musées prêteurs. Sans cela, nous ne pourrions pas organiser des expositions comme celle-ci mais également comme celles à venir. L’hiver prochain, nous présenterons une exposition sur les jouets de la Préhistoire à nos jours avec un focus de la Renaissance jusqu’au XIXe siècle, et durant l’été 2023, une magnifique exposition sur la Lotharingie avec des objets uniques du Xe et du XIe siècle qui créeront une exposition époustouflante. La réussite des deux premières expositions a renforcé notre confiance, notre sérieux et notre exemplarité auprès des partenaires muséaux et privées. Je rappelle que pour l’exposition « Momies », le Musée du Louvre nous prête quatorze œuvres ; la BNF, qui est l’institution la plus attentive en qualité de conservation, une quarantaine d’œuvre ; le Musée des Confluences à Lyon nous a prêté une douzaine d’objets dont la momie qui illustre l’affiche de l’exposition. Et bien entendu, le pied de l’Homme de Tollund, un prêt exceptionnel qu’a bien voulu nous accordé le Danemark. Tout cela est le résultat d’un travail engagé qui ne peut que se renforcer dans les années à venir et une vraie reconnaissance de l’HDE Var comme institution culturelle. L’Hôtel Départemental des Expositions du Var est un vaisseau-amiral culturel pour tous les varois mais doit également avoir une attractivité forte et représenter une image culturelle dynamique et exigeante autant pour l’institution que pour le territoire.

Quels sont les quatre œuvres incontournables de cette exposition ?

Tout d’abord, je dirai la momie Fardo péruvienne. Cette momie est originale et le public découvrira sa reconstitution. Ensuite, le pied de l’Homme de Tollund car c’est un trésor national au Danemark, d’ailleurs, le reste du corps est exposé là-bas. Bien évidemment, il faut voir les momies égyptiennes. Nous avons la chance d’en avoir six dans l’exposition dont une, assez émouvante, qui appartient à un jeune enfant. Et enfin, dans la section sur les momies d’ailleurs, les têtes réduites Jivaro. Nous n’avons pas l’habitude de les voir et c’est l’occasion de découvrir ce rituel particulier des têtes réduites des indiens Jivaro d’Amazonie.

Tête postiche de « fardo » Masque de momie Provenance : Pachacamac, population Huari 500 – 1000 après J.-C. Paris, Musée du quai Branly – Jacques Chirac © Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / image musée du quai Branly – Jacques Chirac

Du 10 juin au 25 septembre 2022

« Momies. Les chemins de l’éternité »

Hôtel Départemental des Expositions du Var

1 Boulevard Maréchal Foch

83 300 Draguignan

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 19h

Billetterie ici

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