[Toulon] Longtemps considéré comme un genre mineur, le paysage est devenu au fil des siècles un sujet à part entière et un thème d’expérimentation pour les artistes. La deuxième moitié du XIXe siècle conduit les artistes réalistes et impressionnistes à traiter le paysage pictural comme la restitution des émotions ou impressions que procure la contemplation de la nature. Il n’est plus question de transposer une portion de nature sur une surface plane, de manière académique, mais de créer une image entièrement nouvelle dont la finalité sera bien d’immortaliser sur la toile les sensations de l’artiste. Cette réflexion évidente émane de l’exposition « Le Paysage moderne » que présente jusqu’au 26 septembre le Musée d’Art de Toulon. Pour célébrer sa réouverture après une réhabilitation qui a permis d’augmenter son espace d’exposition, le MAT présente une sélection de chefs-d’œuvre appartenant au Musée d’Art moderne de Troyes, actuellement fermé pour travaux, et déploie l’histoire du paysage dans l’art au XXe siècle.
L’exposition s’ouvre avec une toile de Gustave Courbet dont le paysage enneigé, à la limite de l’abstraction, entoure un chevreuil délicatement exécuté. Le visiteur plonge ensuite dans les différents courants artistiques qui jalonnent la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle: le néo-impressionnisme avec les toiles de Georges Seurat ou de Maximilien Luce; le fauvisme avec Maurice de Vlaminck et Maurice Marinot; le cubisme avec Jean Metzinger ou l’École de Paris avec Chaïm Soutine. Max Ernst annonce le courant surréaliste et Nicolas de Staël, le triomphe de l’expressionnisme en traitant le paysage par aplats de couleurs franches.
Issues de la collection de Pierre et Denise Lévy, les toiles présentées montrent le rôle des artistes dans le traitement pictural de cette thématique. Nourris des recherches de Paul Cézanne, confrontés à la lumière méditerranéenne, les peintres de renom que sont Georges Braques, André Derain, Max Ernst ou Nicolas de Staël traitent le paysage non plus comme un élément de la toile mais le sujet lui-même. En toute objectivité ou avec subjectivité, la dimension esthétique devient primordiale, inspirée par l’atmosphère et la sensibilité humaine.
Maurice de Vlaminck, Les Usines à Nanterre, 1905
La structure géométrique d’un paysage industriel des bords de Seine de Maurice Vlaminck rompt avec les formes déformées, éprouvées par la chaleur cagnoise, de Chaïm Soutine.
L’artiste est le témoin de son époque. Il se laisse inspirer par toutes les activités humaines, qu’elles soient industrielles ou festives. Il traite également la vie citadine, les transformations des villes, et leur ordonnancement crée des toiles au cadre parfois serré.
Enfin,l’exposition permet de découvrir plus en détail le travail de l’artiste troyen Maurice Marinot. Peintre et artiste verrier, une sélection de vases et flacons illustrent un savoir-faire et un art de la cristallerie remarquables. Une sélection de dessins montre également la richesse du fonds d’art graphique de la collection Lévy, avec notamment des feuilles d’ André Dunoyer de Segonzac et d’André Derain.
Jusqu’au 26 septembre 2021
Le Paysage moderne. Collection du Musée d’Art moderne de Troyes
Musée d’art de Toulon
113 boulevard Leclerc
83000 Toulon
Ouvert du mardi au dimanche de 12h à 18h
Fermé les jours fériés.
Entrée libre