Solo show d’Ugo Schiavi à la Double V Gallery à Marseille

Marlène Pegliasco
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[Marseille] Prolonger une exposition qui puise son propos dans le passé ressemblerait à une gageure mais c’était sans compter le talent d’un artiste qui opère la restitution archéologique d’un temps présent. Ugo Schiavi est une des révélations de ce Printemps de l’Art Contemporain 2018, une manifestation plastique qui se déroule dans la capitale phocéenne. Son exposition personnelle, présentée à la Double V Gallery, a connu un tel succès depuis son lancement le 10 mai qu’elle sera prolongée jusqu’au 13 juillet 2018. Découverte de « Rudus, Ruderis »une exposition singulière.

Ugo Schiavi
Ugo Schiavi, Vue d’ensemble de l’exposition « Rudus, Ruderis » © Double V Gallery

Né à Toulon et formé à la Villa Arson à Nice, Ugo Schiavi  travaille sur cette relation entre vestiges d’une histoire ancienne et leurs liens avec notre histoire présente. « Je m’intéresse énormément à la statuaire » nous confie l’artiste de 31 ans « et au regard de l’histoire de l’art, nous sommes obligés de se tourner vers la sculpture antique. L’idée est d’aller puiser les œuvres qui racontent cette Antiquité dans l’espace public et de les mélanger avec des poses inspirées de la grande statuaire grecque mais réalisées par des personnes actuelles. Cela crée un anachronisme intéressant et je compose cela comme un tableau. »

ugo schiavi
Ugo Schiavi, Aux Armes © Double V Gallery

« Chaque fois que Ugo travaille,  il essaye de s’ancrer dans une géographie propre au lieu où il expose » nous dit Léo Marin, le commissaire de l’exposition. « Ici, il s’est attachée à l’histoire et la culture de Marseille. La figure de Pythéas, un torse de supporter, ces aller-retours dans le temps se font dans un même espace. » La scénographie, composée à la manière d’un Museum d’Histoire Naturelle, confronte un mode de représentation désuet à une technique moderne. L’espace urbain devient territoire de création. Mouler la pierre et la chair, fragmenter le corps. Ugo Schiavi se sert d’une pâte en silicone pour réaliser des empreintes. Ensuite, il coule du béton. Il garde la trace d’une histoire culturelle, le lien entre réalisation et l’évolution de la statuaire dans la ville en la confrontant avec leurs citadins. La statue de Pythéas, explorateur grec du IVe siècle avant notre ère et originaire de Massalia, près du port, les lions de la gare Saint-Charles sont moulés avec leurs graffiti, leurs incisions, avec toutes leurs années d’existence. Le regard des citadins est d’ailleurs intéressant lorsqu’ils avouent ne pas savoir à quel endroit de leur ville se trouvent les reproductions. Des prises directes dans la ville qu’il recompose avec des poses inspirées de la grande statuaire classique:  Zeus foudroyant, les lutteurs, le rapt de la déesse grecque Perséphone … Ce choc spatio-temporel nous livre l’histoire d’images cultes véhiculées de siècles en siècles. Car si les civilisations sont mortelles, elles subsistent dans la tradition écrite, verbale et artistique.

Jusqu’au 13 juillet 2018

Ugo Schiavi, « Rudus, Ruderis »

Double V Gallery

28 rue Saint-Jacques

13006 Marseille

Ouvert du mardi au samedi de 11h – 19h

Tel : +33(0) 6 65 10 25 04

Plus d’infos ici

Plus d’infos sur l’artiste ici

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