[La Seyne] Jusqu'à début septembre, la Villa Tamaris -Pacha Centre d'Art à la Seyne-sur-Mer expose trois artistes masculins aux univers bien différents. Visite guidée.
Giangiacomo Spadari (1938-1997)
Au rez-de-chaussée et au 1er étage de l'instution sont présentés des oeuvres de l'artiste italien Giangiacomo Spadari. Il débuta sa carrière dès son installation à Milan au début des années 1960. Ses toiles figuratives , aux teintes vives, interpellent car faisant référence à des questions sociales et politiques. Cet engagement se suivra durant toute sa carrière.
Sa peinture acrylique contribue à donner de la force visuelle à des oeuvres "coup de poing". Le cadrage serré engendre un caractère agressif. Dans les oeuvres ci-dessus, on retrouve des références historiques comme le drapeau soviétique, les armées chinoies de Mao Zedong , mais aussi des références sociales comme la squadra di calcio italienne. Enfin, les personnages traités en négatif, souvent dans des coloris jaune/bleu, semblent à la fois s’imposer et s’effacer dans le sujet de l'oeuvre.
Le 1er étage de la Villa abrite une grande galerie d'oeuvres inspirées par le cinéma, ses thèmes et ses mythes. Acteurs, films…L'impact du 7ème art dans la vie italienne et son histoire donnent matière à une réinterprétation visuelle de la part de Spadari.
Son style s'inscrit dans le mouvement de la Figuration Narrative, employant les images de son quotidien pour en extraire une infime puissance. Certaines œuvres, protégées du temps, sont empreintes d'une vivacité étrange. Au-delà des sujets engagés, il réalise des paysages dans les années 1980-90. Ce cycle de grands formats paysagers, qu'il a intitulé "Le Temps de la Nature" pourrait faire penser à une maturité de l'esprit du peintre: faire place à une peinture plus apaisée après des années de revendications politiques. Inspiré par le peintre allemand Caspard David Friedrich (1774-1840), nous retrouvons ces tons vifs, aux contrastes forts qui nous oppressent et laissent apparaître un certaine mélancolie. Ses sujets envahissent la toile comme pour mieux y rentrer.
Il revendique l'inspiration de ces pairs comme dans cette toile où il met en scène, les artistes de la Sécession de Vienne.
Déambulation picturale autour du lien
Ce titre désigne les oeuvres présentées au 2ème étage et la mezzanine et qui exposent le récent travail du peintre seynois Jean-Christophe Molinéris. Ses portraits sont plus sombres. Travaillant avec de l'huile sur toile, les couleurs jouant sur les tonalités grises évoquent un univers évanescent. Les visages sont faciaux, ils vous scrutent et vous interpellent. Ces portraits sensibles sonnent un condensé de l’espèce humaine avec ses faiblesses , sa souffrance. Des visages fantômes se dessinent en filigrane. Les tons beiges et bleus accentuent la détresse. La peinture déforme et forme les espaces, construisent les formes dans le tableau, dans le lequel, parfois, l'artiste dispose des objets afin d'apporter du volume à l'ensemble.
Parfois, l'ironie traverse ses sujets. Molinéris est un réaliste, il peint ce qu'il voit et ce qu'il ressent. Sa gestuelle picturale devient un lien intrinsèque entre son pinceau, son sujet et lui-même.
"Je me revendique d'un réalisme social "reconnait Jean-Christophe Molinéris.
Une réalité d'où jaillira une lueur d'espoir.
Joël Ducorroy, Chroniques
Etrangement dadaïste, le style de Joël Ducorroy (1955-) ne peut que faire sourire, refusant de céder au figuratif pour se tourner vers la représentation industrielle des êtres et des choses, un art-design où la conception même de l’œuvre et de sa représentation est remise en question. L’idée et l'agencement prévaut avant tout réalisation. La technique, elle, est laissée aux industriels. Ducorroy assemble des mots liés à notre quotidien en les emboutissant sur des plaques minéralogiques. Son travail est marqué par des rencontres comme celles avec Serge Gainsbourg , Andy Warhol ou le nouveau réaliste Raymond Hains
Défini comme un "artiste plaquetitien", cet esprit créatif et espiègle sert ses oeuvres ludiques dans un univers stéréotypé. Pour notre plus grand plaisir.
Giangiacomo Spadari. Un franc-tireur de l'image
Jusqu’au 18 septembre 2016
Jean-Christophe Molinéris. Déambulation picturale autour du lien
Jusqu’au 04 septembre 2016
Joël Ducorroy. Chroniques
Jusqu’au 04 septembre 2016
Villa Tamaris-Centre d'Art
83500 La Seyne sur Mer
Ouvert tous les jours de 14h à 18h30 sauf lundi et jours fériés.