Insight/Process: une proposition inédite à Drawing Now Art Fair

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Marlène Pegliasco
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Drawing Now Art Fair présente, pour sa 19e édition, deux propositions inédites afin de montrer le versant le plus contemporain du dessin. Les deux nouveaux secteurs Insight et Process sont une expérimentation du dessin, poussée par des artistes dont les galeries valorisent le travail. De solo show en installation, les galeries de ces deux secteurs nous offrent des approches novatrices et percutantes dans les techniques graphiques dont les perceptions sensitives se veulent multiples et intenses. La prise de risque, parfois audacieuse, a cependant été saluée puisque le Prix Drawing Now 2018 est revenu à Michail Michailov de la galerie Prokektraum Viktor Bucher, présente sur le parcours Process.

drawingJan Schmidt, Untitled (1), 2015 © Jan Schmidt, Courtesy Galerie Anita Beckers

Le secteur Insight a été créé pour permettre aux visiteurs de découvrir ou approfondir le travail d’artistes français ou internationaux, moins connus du public, même s’ils sont bien identifiés sur leur territoire d’origine. Pour permettre cette approche, le stand doit présenter un solo ou un duo, mettant en regard le travail de deux artistes. La Galerie Anita Beckers propose un duo, celui de Lena Ditlmann, un travail délicat sur papier bleu, mis en regard avec les formes courbes de Jan Schmidt. A la galerie new-yorkaise Catinca Tabacaru, on expose en solo show l'artiste du surinam Xavier Robles de Medina, une oeuvre conceptuelle faite par superposition d'images. Stelios Karamanolis ,de la galerie néerlandaise Flatland Gallery, dessine sur la toile de fins traits dont les formes s'inspirent des icones cycladiques. Quant à Guy Yanai, on sent l'inspiration enfantine dans ses dessins dont les formes naissent de traits vifs et colorés. Chez nos cousins québécois Galerie Youn, Paul Morstad nous livre des aquarelles sur papier dont les sujets évoquent des contes canadiens et des mythes indiens tandis que Jay Dart use du pastel et du graphite dans des feuilles au style naïf. drawingPaul Morstad, Les sirènes de Titan, 2017 © Paul Morstad

La galerie belge Geukens & De Vil exposent les artistes Philip Aguirre Y Otegui et Sophie Kuijken. Leurs travails se font écho dans une thématique angoissante, celle des destins tragiques de ces êtres en exil. Les visages représentés en buste, aux regards errants, résonnent avec les dessins évoquant des lieux sans vie. Autre pratique singulière, celle de Bingfeng Shao de la Galerie Paris-Beijing. Cet artiste féminine a attendu la fin de sa vie pour se lancer dans des grandes fresques graphiques sur la vie de famille en Chine. Elle peint d'après photographies des portraits colorés tel une grande fresque historique. 

drawingRaquel Maulwurf, Night raid on Germany 1943, 2017© Peter Cox

Mes coups de coeur vont vers les galeries suivantes. La galerie londonienne The Cob Gallery expose deux artistes au travail contradictoires. Cat Roissetter est dans un processus de destruction du support avant d'entamer sa catharsis artistique. Sa tapisserie d'images est mis en relief avec les dessins minimalistes d'Alba Hodsoll dont la ligne donne vie à des attitudes suggestives et érotiques. Livingstone Gallery présente en solo show, le travail impressionnant de Raquel Maulwurf. On pénètre dans ces forêts imaginaires, des paysages grandioses. Sa technique mélangeant pastel, charbon et papier gratté apporte une intensité textuelle et graphique qu'on adore. Enfin, la Galerie Virginie Louvet fait une ovation aux women artists. Habituée à une gamme chromatique colorée, Marion Charlet nous présente la série "Glass Box" où se dévoile un jeu de reflet et de transparence dans des dessins très architecturaux. Un travail très différent de celui gracile et subtile de Giulia Manset. Elle procède par coups de scapel sur papier japonais dans une répétition gestuelle gracieuse et poétique.

20180321_113130Giulia Manset

Le secteur Process propose une expérimentation du dessin contemporain : des vidéos, dessin animé, mise en perspective du travail de dessin de plusieurs artistes, techniques spécifiques. Les galeries présentent un projet conçu soit comme une exposition thématique, théorique, expérimentale et curatée par le galeriste ou un commissaire d’exposition. Dans ces propositions, on note celle autour de l'écriture de la Galerie Martine Aboucaya et le travail de Angela Detanico, un travail vidéo qui met en lumière un texte de Paul Valéry par tronçons de mots, et Claire Morel qui reproduit très fidèlement des couvertures de livres. La Projektraum Viktor Bucher présente des oeuvres très abstraites, minimalistes où le support laisse place à la création. Une formule gagnante puisqu'elle a permis à l'artiste Michail Michailov d'être promu cette année.

Roberta Marrero, Frida, 2017_Dessin sur papier, 21 x 30 cm © Roberta MarreroRoberta Marrero, Frida, 2017© Roberta Marrero

La Galerie 8+4 présente les artistes Julien Creuset, Roberta Marrero, Claire Trotignon qui s'intéressent à la question du territoire et de l'identité. La galerie Modulab montre trois artistes, Luc Doerflinger, Roxane Lumeret et Antoine Desailly, qui ont chacun un univers singulier couvrant un large spectre de la création visuelle.

drawingAntoine Desailly, De la bombe, 2017 © Modulab

Quelques solo shows sont présentés: la Irène Laub Gallery de Bruxelles où le travail de Gudny Rosa Ingimarsdottir est très conceptuel, un mélange d'écriture dactylographié recouvert de calques, comme un filtre nous invitant simplement à pénétrer vers cette mise en scène comprise. Ensuite, la FL Gallery de Milan expose Franklin Evans qui nous montre un mur de création fait de collage, de scotchs colorés flashy qui encadrent des dessins pixelisés ou d'autres qui mélangent écriture et graphisme. Enfin, la Galerie Claire Gastaud nous livre les dessins subtils faits de collage et d'aquarelle d'Alain Josseau, de grandes fresques historiques avec des effets de diapositives.

drawingLiliane Tomasko, Study #21 17.7.2017, 2017© bechter kastowsky galerie, Vienne

Mes coups de coeur démarrent par la galerie viennoise Bechter kastowsky. Liliane Tomasko nous livre des dessins calligraphiés tandis que Klaus Mosetting ouvre le champ des possibles à force d'abstraction floutée, laissant naître une cosmogonie à travers le médium usé. La Galerie Escougnou-Cetraro expose les installations de Pia Rondé et de Fabien Saleil, ​formant un ensemble de dessins à l'eau forte sur plaques de zinc qui apporte une nouvelle dimension à l'acte graphique en développant une notion d'espace, poussée par l'abstraction de leur travail qui nous plonge dans un univers singulier évocateur de sens. Enfin, la galerie parisienne Backslash ose une grande installation créée par Xavier Theunis, une carte blanche qui propose une relecture de Giorgio Morandi. Pour cela, il a convoqué 17 artistes pour une mise en scène originale et décalée qui met l'accent sur les possibilités offertes par le dessin pour créer un univers formel et onirique. 

drawingPia Rondé & Fabien Saleil, Cité-Fantôme, 2017© Rebecca Fanuele

Deux secteurs novateurs, deux propositions uniques et originales qui doivent pousser le visiteur à découvrir ces créativités singulières. Car c'est bien la force d'une telle foire que d'être à la fois le catalyseur de la création graphique actuelle que le lieu des tendances de demain. A suivre.

Drawing Now Art Fair
Du 22 au 25 mars 2018
4, rue Eugène Spuller
75003 Paris
Plus d'infos ici
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