[La Garde] Décidemment, la Galerie G aime exposer de jeunes artistes et cela lui réussit bien. Dans cette vaste pièce où rien ne vient scander l'espace, le visiteur peut allègrement se délecter des oeuvres accrochées. Ce mois-ci, c'est le photographe Johann Fournier qui est à l'honneur. L'exposition présente des clichés tirés de ces deux dernières séries: "Les rêveurs meurent en dormant " et "Toutes les créatures se dénudent sous la lune". L'artiste de 34 ans dénote d'une sensibilité et d'une temporalité à la fois suspendu et poétique. Découverte.
Le rêveur éveillé
Dans une atmosphère brumeuse, moelleuse, les scènes de la série "Les rêveurs meurent en dormant " sont des visions étrangement poétiques. La sensation de flottement présente influe sur notre perception. Rêverie réelle ou réalité rêveuse? Des scènes figuratives, narratives qui racontent une histoire avant qu'on ne découvre l'élément irréel qui la délitera. Les tonalités neutres et douces apaisent notre critique et nous invitent à la contemplation. "Les rêveurs meurent en dormant, parce que leur pensée est sauvage et qu'ils se sont émancipés de la réalité" nous dit l'artiste.
Série « Les rêveurs meurent en dormant », 2015 ©ArtInVar
Série « Les rêveurs meurent en dormant »©ArtInVar
Série « Les rêveurs meurent en dormant », 2015 ©ArtInVar
Série « Les mers intérieures », 2010 ©ArtInVar
De l'intimité lunaire
La série "Toutes les créatures se dénudent sous la lune" est le fruit d'un travail qui a duré deux années, durant lesquelles l'artiste a photographié le cycle lunaire dans ses différentes phases. Cela donne 28 poses plongées dans une obscurité que seule la lumière lunaire vient éclairer. Influence de l'astre sur les créatures vivantes, l'artiste révèle dans ces clichés, la part réelle et intime de ces sujets. "les sujets sont photographiés dans l'obscurité ou saisis dans l'instant avec le moins de lumière possible en utilisant les techniques de light painting puis digitales, les matières "nuit" sont réalisés à l'encre de chine et au charbon" précise l'artiste. Il souligne: "Symbole et témoin de l'intimité des sujets, le clair-obscur protège et révèle, les montre dans leur nudité la plus simple, la plus vraie". Pour nous, spectateurs, regarder ces images semble féérique. La sensation d'apaisement, de sérénité et de calme qui s'en dégagent, avec une pointe de drôlerie, est enchanteur. Un beau travail sensible et émouvant sur la nature, sur les élements vivants de notre environnement et qui nous émeut.
Série ‘Toutes les créatures vivantes se dénudent sous la Lune », 2014-2015 ©ArtInVar
Détail de la série ‘Toutes les créatures vivantes se dénudent sous la Lune », 2014-2015 ©ArtInVar
Le voyageur de la mélancolie
Tel qu'il se définit, Johann Fournier nous fait voyager à travers des espaces-temps iréels mais dont la composition très soignée et délicate nous fait entrer dans son travail. Poétique et humaine, son travail onirique singulier, tout en délicatesse, retient l'attention et marque les esprits. Laissons Jean-Louis Ramand, de la Galerie Noorforart Contemporary qui le représente, conclure sur l'artiste: "Son travail pictural est un mélange de procédé qu'il explore et combine, un assemblage de photographies , de techniques classiques et de techniques digitales. Un paradoxe volontaire qui lui permet d'ouvrir sa création et de lui conférer une nature intemporelle, ambigüe. Ses images sont le fruit d'un imaginaire dense, elles questionnenent nos sensations face à une réalité dissolue dans une fiction poétique".
Vue d’ensemble de l’exposition de Johann Fournier©ArtInVar
À découvrir jusqu'au 19 novembre
Johann Fournier- Galerie G
Complexe Gérard Philippe-Rue Charles Sandro
83130 La Garde
04 94 08 99 68
Entrée libre
Ouvert du mardi, mercredi et vendredi de 10h à 12h et de 14h à 18h
Le samedi de 9h à 13h