[Châteauvert] Courbes sensuelles et couleurs expressives sont deux caractéristiques de l’œuvre de l’artiste Alain Clément. Né à Neuilly/Seine en 1941, contemporain et ami des artistes du mouvement Supports/Surfaces, Alain Clément vit et travaille à Nîmes, Paris et Berlin. Après une période formaliste dans les années 70, il développe dans les années 80 une peinture très colorée constituée de gestes simples jusqu’à saturation de l’espace du tableau. Puis son travail pousse encore plus loin le champ expressif de la peinture, le déclinant aussi dans le domaine de la sculpture, épurant le vocabulaire plastique pour se diriger vers l’essentiel, l’essence même d’une pratique animée, structuré, linéaire et plurivoque. Le Centre d’Art Contemporain de Châteauvert expose jusqu’au 25 novembre des peintures, sculptures et gravures de l’artiste réalisées ces six dernières années. « Alain Clément 2012 – 2018 » met ainsi en lumière son minutieux travail sur la constitution de l’espace qui s’appuie sur des formes abstraites et une riche palette de couleurs.

Ses lignes évoquant des odalisques imprègnent la toile dans une sensualité équivoque. Les arabesques élégantes sont une autre des singularités du travail d’Alain Clément, qu’il associe à une couleur franche, à des contrastes efficaces faisant ressortir toute la force et la puissance chromatique. Ce double héritage fauviste-expressionniste se traduit dans d’heureuses pratiques où l’art trace la voie vers un univers heureux et substantiel. « C’est le tableau qui me dicte la conduite à suivre. La couleur-forme s’impose parfois dans des gammes colorées insolites. Il me faut jouer avec ces surprenantes apparitions, ralentir la facture pour calmer les désaccords et trouver une ligne mélodique dans leur dissonance. Ralentir toujours, travailler avec une petite brosse, apprivoiser les couleurs, les rendre concertantes » raconte l’artiste dans ces échanges avec Gilles Altiéri, commissaire de l’exposition. Ainsi, l’œuvre d’Alain Clément repose sur les rapports étroits qu’il tisse dans des allers-retours constants entre peinture et sculpture, rapports enrichis de la pratique de la gravure à laquelle il réserve toujours un soin particulier, créant ainsi une osmose complète entre ces différentes disciplines.

Le public varois avait déjà découvert une part de son travail en 2012 dans une exposition monographique à l’Hôtel Départemental des Arts de Toulon. Celle proposée par le CAC de Châteauvert continue de témoigner de son sens de la rigueur et de la légèreté dans une recherche essentielle fondamentale. Cette part sensible et abstraite se dévoile dans le dialogue qui s’instaure entre peinture et sculpture. Du relief au volume, la sculpture émancipe les lignes sinueuses, corps confinés tentant de s’échapper de la toile. « Ma sculpture est donc née des tableaux. La couleur y est plus vive, sans modulation, directe. ». Cette dimension graphique, – rubans, ondes, serpentines, trames – orne l’espace, qu’il soit bi ou tridimensionnelle, le formalise, l’exploite, le remplit, l’amplifie et le valorise. Le pouvoir polysémique des couleurs et des formes inondent le champ créatif d’Alain Clément, pénétrant les abysses conceptuelles pour qu’en émane une pure quintessence.

Jusqu’au 25 novembre 2018
Alain Clément, 2012-2018
Centre d’Art Contemporain de Châteauvert
Chemin de la Réparade
83670 Châteauvert
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