Art Paris Art Fair 2018: Un Prix qui tient toutes ses promesses

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Marlène Pegliasco
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[Paris] Une promesse, c'est une certitude, un engagement, l'assurance que l'on met dans quelque chose ou envers quelqu'un. La force de ce terme en dit long sur l'assurance prise par les organisateurs d'Art Paris Art Fair et le comité de sélection du Prix l'Art est vivant, promesses sur le choix des galeries invitées à concourir pour ce prix. "L'Art est vivant" est un collectif d'amateurs passionnés et de collectionneurs créé par Denis Fizelier en 2014. Il aide à la production, à la diffusion, à l'édition de publications et de livres d'artistes, participe à l'acquisition d'oeuvres, soutient et organise des expositions et des événements. Réservé aux galeries internationales de moins de six ans d'existence, le secteur "Promesses" de Art Paris Art Fair se compose de 12 galeries émergentes invitées à présenter un maximum de trois artistes, chacun présentant "un regard signifiant sur le champ de l’art contemporain", selon les termes de  Guillaume Piens, commissaire général de cette prestigieuse foire. Le Prix l'Art est vivant, promesses sera décerné à l'un d'entre eux et viendra récompenser ce jeune talent. Il remportera la somme de 5000€, présentera une exposition monographique lors de l'édition 2019 et recevra une dotation importante matériel de Lefranc Bourgeois. Une de ses oeuvres sera acquise par le fonds de dotation dans les 12 mois. En 2017, pour le lancement de ce prix à Art Paris Art Fair (une première édition avait été faite au cabinet de dessins contemporains DDessin 2016), c'est l'artiste Dalila Dalléas Bouzar, représentée par la Galerie Cécile Fakhoury d'Abidjan, qui est devenue la lauréat du Prix l'Art est vivant, promesses. Alors que le lauréat 2018 sera connu ce jeudi 05 avril à 18h, nous avons rencontré ces "jeunes" galeries qui nous ont parlé de leurs choix artistiques. Rendez-vous avec la jeune création émergente.

promessesIlya Gaponov, Garden City, laque de kouzbass sur bois ©K35 Art Gallery

Certaines galeries présentent trois artistes, d'autres se focalisent sur un solo show. C'est le cas avec les galeries suivantes. Venue de Moscou, la K35 Art Gallery  présente Ilya Gaponov. Né en Sibérie en 1981, le peintre représente des paysages inspirées de la région de Kemerovo, une région pratiquement dédiée aux mines de charbon. Le matériau contamine la terre, en permanence noire, ce qui explique la sombreur de ses tableaux, peints à la laque de Kouzbass, un produit propre au traitement du charbon.

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TILT, Plaquo Outside 20 © Kolly Gallery

La Zürichoise Kolly Gallery fait la part belle au street art avec l'artiste TILT. Originaire de Toulouse, il se définit lui-même comme un "graffeur fétichiste". La rue l'inspire par ces architectures, ces passants et ces objets abandonnés dont il insuffle une seconde vie. Les couleurs percutantes, coulantes, les tags, effets de bombe recouvrent les fissures de ce mur amoché dans un but d'embellissement.

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Brian Harte, Family, 2017 ©GNYP

Ouverte depuis deux ans et demie par le collectionneur Giovanni Springmeier et la conseillère artistique internationale Marta Gnyp, les deux galeristes ont mis leur connaissance et leur expertise du monde artistique contemporain dans le choix d'artistes ambitieux. Né en Irlande en 1978, Brian Harte perpétue la grande tradition de la peinture, puisant son inspiration dans l'Histoire de l'Art, ce qui peut être une entreprise assez risquée au 21ème siècle mais Marta Gnyp explique les raisons de leur soutien: "Avec la grande quantité de possibilités offertes par les nouveaux médias, les technologies et les approches conceptuelles, la question reste de savoir quoi et comment peindre pour être pertinent. Nous sommes convaincus que Brian Harte a trouvé sa propre langue très intéressante dans laquelle il se réfère à la tradition britannique , à des artistes tels que Turner et Francis Bacon, mais aussi à la tradition néerlandaise, en même temps qu'il place ses œuvres dans le monde actuel. Avec ces lignes d'horizon, les compositions centrales et ces chiffres fragmentés, il crée un nouveau langage visuel contemporain."

Marie Havel

Marie Havel, Réaménagements Permanents, 2017 © Courtesy H Gallery

Tournons-nous vers les galeries françaises. Installée dans le 11e arrondissement, la H Gallery expose les artistes Marie Havel, Alexandra Hedison et Paul Vergier. Nous avons déjà consacré un article aux récents travail de Marie Havel dont on apprécie la recherche graphique autour des ruines et de l'enfance. Pour Art Paris Art Fair, elle présentera une installation composée d'un bunker ensablé et de dessins. La photographe américaine Alexandra Hedison, née en 1968 et épouse de l'actrice Jodie Foster, travaille avec des objectifs de grande taille. Dans chacune de ses photographies, elle part à la rencontre entre l'individu et l'immensité du paysage naturel et architectural qui l'entoure. La force de ses compositions tient dans les lignes géométriques qui s'en dégagent, explorant les nouvelles perceptions visuelles de notre quotidien. Enfin, Le français Paul Vergier, né en 1976, se nourrit de ses souvenirs d'enfance. Cette enfance passée dans des fermes, un hameau au milieu de terres et de cultures, a imprégné la création de l'artiste dont les images évoquent ce monde rural. Le plastique qui recouvre les serres et les plantations se transforme ici en un objet gracieux par un rapprochement au champ vestimentaire.

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Alexandra Hedison, Found Painting #4 © Courtesy H Gallery

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Paul Vergier, Mille plis II, 2017, Pastel gras sur papier ©Courtesy H Gallery

Ouverte en 2013, la Progress Gallery expose trois artistes rassemblant trois médiums différents: Coraline de Chiara, Mélanie Delattre-Vogt et Antoine Tarot. "Envisager un projet d’exposition avec chacun de ces trois artistes est un vrai plaisir" confie Anne-Françoise Jumeau, "ils ont chacun à leur façon une vraie appétence à créer de nouvelles œuvres, de nouvelles séries…" Coraline de Chiara, né à Jakarta en 1982, nous laisse saisir le souffle de vie à travers un prisme pictural géométrique.

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Coraline De Chiara, Premier Souffle ©Progress Gallery

Par la précision et la légèreté du graphite, l'artiste de 34 ans Mélanie Delattre-Vogt dessine des histoires poétiques, racontées par des objets en apesanteur. Enfin, le céramiste Antoine Tarot (1977) modèle le grès et tisse des formes compactes très colorées. La matière brute se meut en entrelacs, boudins, tresses et alvéoles, en un enchevêtrement maîtrisé fascinant.

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Mélanie Delattre-Vogt, Parlez-moi de votre panthère, 2017 ©Progress Gallery

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Antoine Tarot, Entrelacs vert orange ©Progress Gallery

Ouverte depuis quelques mois et dédiée à l'art contemporain japonais, la Pierre-Yves Caër Gallery  propose deux artistes venus du pays du Soleil Levant. "J’ai choisi de représenter des artistes japonais (ou des artistes d’autres nationalités mais dont les œuvres sont inspirées par la culture japonaise) après avoir eu la chance de vivre plus de cinq ans au Japon et y avoir découvert la qualité exceptionnelle et la variété du travail de ces artistes, aujourd’hui beaucoup moins représentés en Europe que leurs homologues chinois ou coréens" explique  le galeriste. "En plus, le marché de l’art contemporain étant encore très étroit au Japon, il est très important de leur ouvrir des opportunités sur d’autres marchés afin qu’ils puissent vivre pleinement de leur talent. Enfin, je trouve que c’est important que les collectionneurs français, découvrent à travers le travail très varié de ces artistes, à chaque fois un tout petit peu de la culture japonaise, à la fois si riche de ses traditions artistiques (dont peuvent s’inspirer les artistes contemporains) et aussi si innovante."

promessesYuki Nara, Bone Flower, 2017 ©Pierre-Yves Caër Gallery

Le céramiste contemporain Yuki Nara étonne par son approche architecturale de la céramique, une double influence issue de ses études à l'Université d'Architecture de Tokyo et familiale car descendant d’une des plus grandes familles de céramistes du Japon, dont son père, Ohi Chozaemon XI, est aujourd’hui le grand maître et auquel il succédera dans quelques décennies. L'élégance de ces sculptures est exceptionnelle. Son compatriote Wataru Yamakami, né en 1981, est un artiste multidisciplinaire, marqué par les catastrophes qui ont marqué son pays. Il crée une oeuvre entre mirage et réalité. Dans un univers limpide, des symboles flottent, chacun chargés de sens, de signification et de perspective, superposant deux cosmos dans lequel évolue l'individu.

 

 

 

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Wataru Yamakami, World of Worl, 2016 ©Pierre-Yves Caër Gallery

ADO-1966 - Galerie Eko Sato

ADO, Sans Titre, 1966 ©Galerie Eko Sato

Autre galerie française figurant dans le secteur "Promesses", la Galerie Eko Sato, ouverte depuis 2016. Installée dans le 20e arrondissement de la capitale, c'est sa première participation à Art Paris Art Fair où elle présente le peintre japonais ADO (1936-1995) ainsi que les deux jeunes artistes Laurent Debraux et Clémentine Dupré. Cette trilogie artistique se complète par "leur pureté, le silence et la relation au temps qui en émane" nous confie le galeriste Eko Sato."Silence et force que l’on retrouve dans le travail de ADO, peintre japonais qui a décidé de s’installer à Paris en 1962. Son travail autour du dépouillement et ses oeuvres abstraites restent intemporels. Parmi la jeune génération d'artistes céramistes, Clémentine Dupré représente pour moi une figure importante. Elle s’intéresse au potentiel spatial de l’architecture, le définissant en un système de représentation typologique. Ses ensembles de formes dynamiques construisent le vide, livrent une interprétation de l’espace tangible et intangible. Quant au sculpteur Laurent Debraux, chacune de ses pièces conjugue le mouvement – presque indescriptible – à une réflexion qui ne fait que s’intensifier. Il souligne le temps avec ses sculptures épurées qui lient art et technicité, mouvements et réflexions."

 

 

 

 

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Laurent Debraux , La Mare aux fées ©Galerie Eko Sato

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Clémentine Dupré, Typologie, 2017  ©Galerie Eko Sato, Anthony Giraldi

Parmi les galeries européennes présentes dans ce secteur, nous trouvons la galerie d'Amsterdam Rutger Brandt Gallery . Sous le titre "Deconstructed Dimensions", elle présente les artistes Eva Roovers, Carlos Sagrera et Matthias Schaareman. Leur galeriste s'exprime ainsi sur leur travail: "Ces trois artistes sont concernés par l'espace et sa traduction par un plan d'image bidimensionnel. Dans leur approche formelle de la couleur et de la composition, ils recherchent comment les souvenirs peuvent nous tromper. Les abstractions de la conscience conduisent à des formes fracturées soit dans les peintures de Carlos Sagrera (Espagne, 1987), dans les collages de Matthias Schaaremans (Pays-Bas 1986), soit dans les photographies colorées d'Eva Roovers (Pays-Bas, 1981)."

 

 

 

promessesCarlos Sagrena, Heating the room, 2017©Rutger Brandt Gallery

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Eva Roovers, Moving Moments In Time 3, 2017©Rutger Brandt Gallery

promessesMatthias Schaareman, 1709 ©Rutger Brandt Gallery

Installée à Rome et à Bruxelles, la Montoro12 contemporary présente trois artistes choisi pour leur histoire et leur visibilité internationale. Luis Felipe Ortega (1966, Mexique) a représenté son pays natal à la Biennale de Venise 2015 et a récemment exposé son travail dans une exposition personnelle au Musée Mattatoio à Rome. Une de ses œuvres fait partie de la collection permanente du Centre Georges Pompidou. Steve Sabella (1975), artiste d'origine palestinienne, a exposé dans différents musées internationaux et bientôt à l'Institut du Monde Arabe à Paris. Enfin, Serena Fineschi (1973 Italie) a récemment eu une exposition à Old Masters Museum à Bruxelles avec Hans Op de Beeck.

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Luis Felipe Ortega, Projects Tunel ©Montoro 12 Gallery

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Steve Sabella, No Man's Land 2 ©Montoro 12 Gallery

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Serena Fineschi, 107 ©Montoro 12 Gallery

La galerie romaine Francesca Antonini Arte Contemporanea a fait le choix de convoquer les arts picturaux sous trois médiums différents. Sabrina Casadei (1985) dessine dans des tons pastels, des lignes ondulantes comme des flots remplis d'énergie vitale. Né en 1987, Gugliemo Castelli souligne ses figures de larges traits noirs, évoquant les peintres fauves du début du XXe siècle. Quant à Antonello Viola (1966), il construit un périmètre chromatique dans lequel la einture devient un lieu de réflexion, de recherche absolue, à travers un processus d'accumulation puis de stratification, enfin, de révélation de la couleur intense.

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Sabrina Casadei, Moon Molajoli high res ©Francesca Antonini Arte Contemporanea

promessesGuglielmo Castelli, Le ore fatte di nulla, 2018 ©Francesca Antonini Arte Contemporanea

promessesAntonello Viola, Oro 2, 2017 ©Francesca Antonini Arte Contemporanea

Aussi venue de Rome, la Galleria Anna Marra expose trois artistes italiens. Né en Sicile en 1970, Davide Bramante  photographie de la même façon qu'il regarde les choses, qu'il les pense et les espère voir. Ces images futuristes superposent plusieurs lieux, annihilant les notions spatiales et temporelles. Rome est aussi le terrain de prédilection de la photographe Claudia Peill (1963). Elle mixe photographie et peinture en un discours lyrique où les détails architecturaux de la Ville Eternelle jaillissent tels des trésors enfouis. Enfin, l'artiste américain Michael Ryan (Etats Unis 1970) travaille plusieurs techniques. Collages et crayons apportent à cette représentation figuratif, un esprit naïf, accentuée par le choix d'une vue faciale.

promessesDavide Bramante, My own Rave. Roma (Danzante in mezzo), 2014 ©Galleria Anna Marra

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Michael Ryan, Neukolln, 2017 ©Galleria Anna Marra

 

 

 

 

 

promessesClaudia Peill, L3, 2015 ©Galleria Anna Marra

Enfin, seule galerie hors Europe représentée dans ce secteur, La galerie de Bogota La Balsa Arte présente Miguel Cárdenas, Maite Ibarreche et Juan OsornoSurnommé le peintre blanc, Miguel Cárdenas (1973) a pu restituer l'univers des indiens et leurs cosmogonies à travers sa peinture et ses outils. Des toiles très colorées, évoquant le travail exotique du Douanier Rousseau (1844-1910) dans cette composition riche et exaltante de la nature. Les dessins trash de Maite Ibarreche (1987) jouent sur une certaine fascination. Le choix des poses et des couleurs sont représentatives des suggestions visuelles, entre sensualité et violent désir sexuel. Une pratique du dessin opposée à celle de son confrère Juan Osorno. S'inspirant de planches médicales, l'artiste établit des connections entre l'individu, la nature et le cosmos.

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Miguel Cárdenas, Selva Nocturna ©La Balsa Arte

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Maite Ibarreche, Dsvelamiento ©La Balsa Arte

Lector mental

Juan Orsono, Lector mental ©La Balsa Arte

Art Paris Art Fair
Secteur Promesses
Du 05 au 08 avril 2018
Grand Palais
3, Avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
Plus d'infos ici
 
This article is produced by Marlène Pegliasco

 

 

 

 

 

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