Paréidolie: une 9ème édition repoussant les limites graphiques

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Marlène Pegliasco
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[Marseille] C’est une rentrée qu’on attend chaque année avec plaisir. On délaisse la crème solaire et l’eau limpide de la Méditerranée pour se délecter d’art. Avec trois foires sur le dernier week-end d’août – Polyptyque- Salon de photographie contemporaine, Art-O-Rama- Salon international d’art contemporain et Paréidolie-Salon international de dessin contemporain, Marseille s’impose en place-to-be de la scène artistique actuelle sous toutes ses formes. Et dans le champ du dessin contemporain, Paréidolie a su se faire une place de renom. Les années se suivent sans se ressembler. 14 galeries invitées, 2 cartes blanches, 2 artistes invités et un espace vidéo : c’est encore de la découverte, des surprises, des étonnements qui attendent le visiteur pour cette 9ème édition qui ouvre la Saison du Dessin sur le territoire marseillais. Voici mes coups de cœur de cette édition qui pose une vision très large du médium dessin dans ses explorations les plus inédites.

Odonchimeg Davaadorj à la galerie Backslash (Paris)

L’artiste mongol sonde les rapports entre le corps, la nature et les éléments. Son regard très sensible invite à une introspection, une réflexion délicate sur les forces qui nous lient. Son travail à base d’encres de couleurs est un langage universel issu de sa culture chamanique. C’est une subtile et lente transformation de l’être humain ou son dédoublement naturel. Odonchimeg utilise aussi la perforation ou le fil pour augmenter l’intensité de son œuvre et apporter une certaine matérialité à son évocation spirituelle. C’est également un hommage aux traditions de son peuple et notamment à sa mère, couturière.

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Odonchimeg Davaadorj

Reeve Schumacher à la galerie Lhoste (Arles)

Originaire des États-Unis, Reeve Schumacher utilise plusieurs médiums -musique, cordage, dessin et installation- autour du cercle, forme immanente et infinie. La dimension organique donnée à son action artistique ouvre de multiples possibilités sensorielles. Sa création emprunte autant aux sciences arithmétiques qu’aux inspirations artistiques dont la plus évidente est la Spiral Jetty de Robert Smithson. Un travail complexe, ensorcelant, qui imprègne notre corporalité.

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Reeve Schumacher

Roxane Lumeret à la galerie Modulab (Metz)

Illustratrice de bandes-dessinées jeunesse, Roxane Lumeret possède un goût prononcé pour les couleurs fortes. Pratiquant la gouache sur papier, sa palette chromatique apporte une vibration intense et permet de créer des volumes et des espaces d’une profondeur marquée. Ses dessins exposent ses réflexions philosophiques. Ils mettent en évidence la manière d’aborder des questions sociétales avec des codes laissant entrevoir un esprit onirique. Les êtres humains et les animaux co-existent d’une façon surprenante, comme si leur présence ne faisait que renforcer leur solitude intérieure, une solitude ressentie à travers les regards.

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Roxane Lumeret

Maxime Duveau à la galerie Espace à Vendre (Nice)

Travaillant à partir de photographies, Maxime Duveau explore la profondeur des espaces à travers diverses techniques (sérigraphie, cyanotype) qu’il superpose en couches. Un effeuillage délicatement perceptible à l’œil qui, malgré la complexité, parvient à deviner les éléments constitutifs de la narration graphique. Habitué à la dualité du noir et blanc, l’artiste introduit la couleur dans son travail et joue ainsi, avec plus de force, sur les possibilités mémorielles du spectateur.

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Maxime Duveau

Pia Rondé & Fabien Saleil à la galerie Valéria Cetraro (Paris)

Les dessins montrés lors du salon sont exécutés à l’encre de chine sur papier ou sur une couche de céramique. Les formes organiques se mêlent aux empreintes laissées par le plexiglass coloré. Les monotypes créés transcendent la tridimensionnalité et offrent un espace en flottaison invitant à la méditation. Le goût pour la géométrisation formelle se retrouve dans cette grand œuvre réalisée sur du cuir dont le dessin a été réalisé à la fraiseuse. Elle amène le spectateur à se saisir de la rigueur structurelle du monde tout en s’imprégnant de l’évidente sensibilité.

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Pia Rondé & Fabien Saleil

Et le dessin sur le gâteau…

Il ne faut pas manquer l’œuvre immersive de Jeanne Susplugas, artiste invitée. La réalité virtuelle offre une dimension à la fois déconcertante et sensationnelle du dessin. Une expérience métaphorique qui,certes, nous invite à plonger au cœur de sa création mais qui montre comment le dessin a été, reste et restera le medium le plus actuel et le plus proche de notre réalité humaine.

Jeanne Susplugas

Paréidolie, Salon international du dessin contemporain

9ème édition du 27 et 28 août 2022

Château de Servières, 11-19 boulevard Boisson, 13004 Marseille

Ouverture de 11h à 20h, entrée libre

Toute la programmation du salon et de la Saison du dessin ici

Retrouvez un article de l’édition 2018 ici

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